Paso Doble n°94 : Pour vivre heureux, vivons masqués

Publié le 21 octobre 2008 par Toreador

A las cinco de la manana…

« Son blog, il le signe d’un point d’interrogation, d’un point qui veut dire… » (air connu)

Je réagis ici à un billet d´Autheuil, lui même faisant suite à une controverse initiée par Aliocha. Au coeur de la polémique : l’anonymat. Difficile de ne pas entrer dans la mêlée : comme vous le savez, le principe de ce blog est justement l’anonymat de son auteur(e). Or je suis parfois étonné de constater que certains reprochent amèrement à d’autres de vouloir rester anonymes, faisant parfois de confondantes confusions entre anonymat et fascisme (via le raccourci de la lettre anonyme = délation = lâches, salauds et j’en passe).

Pour moi, le choix de l’anonymat résulte de trois facteurs.  

Premièrement, le concept d’identité, au sens d’authentification,  est un principe sur le net relativement flou, car nul ne vient vérifier que vous vous appelez bel et bien Sébastien, Pierre Catalan ou Augusto Ramirez. Les détournements de Facebook sont là pour le prouver. Dès lors, présupposer que donner une identité sur le net est « plus courageux » que la dissimuler est biaisé. Au moins, l’anonyme donne la couleur. Blanc.

Deuxiémement, j´ai une confiance trés relative dans l´espèce humaine. Je me souviens de ce blog d’expatriés qui a disparu du jour au lendemain parce que SarkoFrance l’avait « outé ». De même, je ne crois pas en l’objectivité de l’Homme. Si vous saviez que je suis une femme seule de 64 ans, vous plaqueriez sur mes articles une reconstruction psychologique à grands coups de « Elle comble sa solitude depuis un rocking chair« . Si vous pensiez que j´étais un jeune gars de 18 ans, vous diriez que mes billets ne sont pas trés matures. Si j´étais polytechnicien-énarque, chargé de mission á l´Elysée, vous diriez que c’est forcément intelligent mais diablement sarkozyste, etc, etc…

L’anonymat, des sensations pures !

Troisièmement, je trouve que le mystère a sa beauté. Il oblige à créer un personnage, à ruser, à fantasmer même. L’Histoire est pleine de gens qui prirent des pseudos moitié par jeu, comme par exemple Pablo Neruda, en hommage au poète tchèque Neruda, ou Voltaire. Au-delà du masque, il y a le rêve :  Imaginer Eolas, c’est tomber de haut en rencontrant pour de vrai le personnage. Idem pour Koz, Autheuil et même Versac.

Parfois, j‘ai suivi de loin les recherches entamées discrètement par quelques Kiwis pour retrouver ma trace. Ils sont tombés assez loin, mais suffisamment près pour que j´en entende parler. Le coté ludique et théâtral m’intéresse. Je me régale déjà de me glisser á la prochaine République des blogs et d’écouter ce qui se dit…L’Anonyme ne cherche pas la gloire, c’est à dire être « connu », mais la seule satisfaction d’être reconnu. 

Pour conclure, je rejoins, contrairement à Aliocha, l’analyse de Bilger qui est beaucoup plus nuancée á la relecture que ce qu’elle a bien voulu retenir. Notamment, en parlant d´Eolas, Bilger déclare « Il préfère demeurer inconnu de sorte que sa subjectivité et sa culture s’offrent masquées mais cependant éclatantes dans les échanges qu’elles suscitent et acceptent. »  Effectivement, je considère que la meilleure manière de savoir ce que l’on vaut, c´est de se confronter à un public sans fard. Et encore, Eolas a pour lui d’annoncer qu´il est avocat, ce qui colore finalement l´appréciation que peut faire le public de sa compétence d’un a-priori favorable…

Aussi j’irai encore plus loin. En ne révélant pas sa véritable nature à son public, on ne peut plus tricher ni l’impressionner par un récit de ses expériences ou par je ne sais quel diplôme. L’authentification, c’est à dire l’identité, est impossible – Reste l’authenticité, c’est à dire l’anonymat ! (CQFD)

AliochaanonymatAutheuilweb

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