Le Parlement européen, un espace « prostitution and pornography free » ?

Publié le 22 octobre 2008 par Chictype

Les députés européens nordiques veulent que leurs collègues, les fonctionnaires et bien sûr le Parlement
en tant qu’institution n’utilisent « que des hôtels qui donnent la garantie que l’établissement n’est pas impliqué dans le commerce du sexe » et ne diffusent pas de films pornographiques dans les chambres. Une lettre en ce sens signée par 37 eurodéputés originaires du Danemark, de Suède et de Finlande a été adressée, il y a quelques jours, au président du Parlement, Hans-Gert Pöttering.

Pour les signataires, il s’agit d’étendre à l’Union une recommandation du Conseil nordique de 2006 qui encourage les institutions publiques à ne réserver des chambres que dans des hôtels qui ont pris l’engagement écrit de ne pas accueillir dans leurs murs des prostituées. Seul le Danemark se prépare à la mettre en pratique. Le but des députés nordiques est non pas de mettre fin à la prostitution, mais de contribuer à « un changement de mentalité ». L’une des signataire, la suédoise Hélène Goudin, a indiqué que les hôtels diffusant des films pornos étaient aussi visés.

On voit mal l’intérêt d’une telle initiative : quel hôtel de qualité
–ceux qui accueillent les membres du Parlement sont rarement des hôtels
de passe - refuserait de signer un tel engagement ? D’une part, il est
rare que les Hiltons et autres établissements se livrent au
proxénétisme et, d’autre part, il est
extrêmement facile à contourner,
un député ou un fonctionnaire étant libres de ramener qui il veut dans
sa chambre… Quant aux films pornographiques, qualifiés de symbole de «
l’exploitation des femmes »
, le but de la manœuvre m’échappe tout
autant: va-t-on aussi s’assurer que les députés n’ont pas de lecteur de dvd ou de revues pornos?


Curieusement, la presse allemande à vu dans cette initiative une
attaque contre Strasbourg qui accueille les sessions plénières, alors
même que les députés passent plus de temps dans la capitale belge
célèbre pour ses « bars montants » et ses vitrines chaudes. Il est vrai
que les anecdotes invérifiables et sulfureuses courent sur la capitale
alsacienne, celle-ci étant presque devenue l’enfer du vice dans
l’imaginaire débridé de certains… Ainsi, il y a une vingtaine d’années,
une députée française ayant réclamé un « oreiller supplémentaire » à la
réception de l’hôtel de luxe de Strasbourg où elle logeait aurait eu la surprise de
voir débarquer une call-girl, « l’oreiller supplémentaire » étant le
mot code pour ce genre de service. Vrai ? Faux ? Cette anecdote fait en
tout cas partie de la légende urbaine du Parlement…

Blog Libération