Jean-Jacques Aillagon crée la polémique sur le transfert des cathédrales

Par Benoit De Sagazan

Dans un projet d'avis, soumis aux membres du Conseil économique et social, les 21 et 22 octobre 2008, Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture et président du domaine national de Versailles, voudrait impulser "une nouvelle dynamique pour les politiques de conservation du patrimoine monumental" (Lire la dépêche AFP du 21 octobre 2008).

Pour cela l'auteur du rapport avance deux pistes : accentuer l'effort de de la décentralisation, notamment en organisant un transfert volontaires des titres de propriété aux régions ou aux départements de certains monuments nationaux dont certaines cathédrales; et prélever une taxe sur les jeux en lignes au bénéfice de l'entretien des monuments historiques.

Des préconisations auxquelles réagit assez fermement Philippe Richert, sénateur du Bas-Rhin et président du groupe sénatorial sur le patrimoine architectural, dans La Croix, du 22 octobre :

Auteur d'une proposition de loi qui vise à accroître les transferts de monuments nationaux aux collectivités locales, le sénateur du bas-Rhin se déclare néanmoins "surpris par cette proposition qui ne (lui) parait pas souhaitable". "S'agissant des cathédrales, explique-t-il plus loin, nous sommes face à un patrimoine majeur d'intérêt majeur, fondamental pour le rayonnement de la France à l'étranger. Ces édifices sont les témoins prestigieux de huit cents ans de notre histoire, religieuse mais aussi culturelle, artistique, parfois politique. Il s'agit là d'un domaine régalien. (...) le risque serait grand que certains départements laissent leur cathédrale dépérir, que l'entretien varie en fonction du dogme des uns ou des autres...

En revanche, le sénateur déclare se réjouir que M. Aillagon reprenne l'idée déjà avancée par le sénat : l'affection d'un petit pourcentage des recettes de la Française des Jeux au financement du patrimoine : "Ce système, qui existe en Angleterre, permettrait de pérenniser en partie les crédits de ce secteur et de lui éviter les à-coups, si nuisibles à la conduite des chantiers."

En effet, selon le projet d'avis émis par l'ancien ministre de la Culture, "Une contribution d'intérêt général pourrait être prélevée sur les jeux de loterie. Elle pourrait permettre de dégager entre 45 et 90 millions d'euros. Le projet de loi de finance pour 2009 fixe à environ 330 millions d'euros la dotation aux monuments historiques. Cette ressource supplémentaire permettrait d'approcher ou d'atteindre les 400 millions de crédits de paiement, soit le montant communément admis pour assurer un "traitement normal" du patrimoine monumental..."

Lire également le rapport du Sénat (novembre 2006) : Monuments historiques, une urgence pour aujourd'hui, un atout pour demain