Comment réaliser un court métrage en dix leçons

Par Bebealien

Crédit photo : Wouter Moons/SXC

Aujourd’hui, on va sortir un peu des sentiers battus habituels, mais en restant dans la thématique cinéma. Comme doivent le savoir certains habitués de ce blog, je bosse en ce moment sur la production d’un court métrage que j’espère ambitieux. Ayant pas mal galéré avant de créer ce projet, je me suis dit qu’il y avait matière à en faire un article bien senti. Vous voulez tourner « Ninja 12 : la revanche des zombies kamikazes venus de Mars » ? Ce top ten est pour vous !

Court métrage – Mes conseils minceur bien être pour être bien dans son film (ce titre est pourri)

J’ai une sainte horreur des top ten qui fleurissent un peu partout sur les blogs, leurs auteurs respectifs se pavanant en donnant des conseils tellement emplis de bon sens qu’ils passent leur temps à enfoncer des portes ouvertes. Je n’aime pas, et pourtant, c’est ce que je vais faire aujourd’hui. Comme quoi je suis un homme pétri de contradictions… Enfin bref. Ces remarques sont là pour épauler ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure et son basées sur mon expérience propre. A vous d’adapter selon vos besoins ou envies.

1° Un bon film c’est avant tout un bon scénario

Oui, oui, ca paraît super évident comme çà, et pourtant ! Regardez la production actuelle. Combien de film franco-français rabâchent le même schéma du film sur un célibataire trentenaire en mal d’amour, sans y apporter la moindre touche d’originalité ? Combien de films d’actions ou d’horreur sont déjà vus et revus ? Sans chercher à être original à tout pris, un bon film c’est avant tout une histoire bien ficelée, qui surprend le spectateur. Vous ne surprendrez jamais tout le monde, car des gens partagent la même culture que vous. L’essentiel est d’en surprendre le maximum. En plus, si votre film est bien écrit, vous pouvez le tourner avec les pieds, ca marchera quand même. On ne le répètera jamais assez : un scénario, un scénario et encore un scénario et aussi des zombies.

2° Il n’y a pas de terreur dans un coup de fusil, seulement dans son anticipation

Cette citation d’Hitchcock décrit bien un principe également disséqué par Stephen King dans Anatomie de l’Horreur. Si vous faites un film contenant de la tension ou un film d’horreur, le moment qui terrorise le spectateur n’est pas celui où la violence se déchaîne, mais celui qui la précède. C’est le concept du monstre derrière la porte. Tant que la porte n’est pas ouverte, le spectateur y projette son inconscient et ses peurs. Dès qu’on ouvre la porte, on rationnalise cette peur, et elle n’a plus de raison d’être. Le spectateur se dira toujours « Ah, ce n’est que ca ». Donc ménagez vos moments de tensions. Bien amenés ils peuvent mettre en valeur une histoire simple. Même avec des ninjas.

3° Les acteurs devraient être traités comme du bétail

Autre citation d’Hitchcock mais avec laquelle je suis en désaccord. Oui un acteur peut être irritant lorsqu’il a des caprices de diva. Mais franchement, ceux que vous croiserez en réalisant un court n’auront pas cette mentalité là. Au contraire ils sont ceux qui vont donner envie au spectateur d’accrocher ou pas. Trop de courts sont interprétés par des acteurs nuls ou tellement peu impliqués dans leur rôle qu’ils flinguent les efforts fait sur la forme. A contrario, un bon acteur peut sauver un film minable. Donc travaillez, répétez et calez le jeu avant de tourner. Sauf si vous tournez avec Virginie Ledoyen. Elle mérite vraiment d’être traitée comme du bétail car elle joue trop mal.

4° Le fond reste toujours supérieur à la forme

A titre personnel, je suis amateur de belles images, de plans impossibles et de travellings de fou. Sauf que vouloir mettre à tout prix de belles images peut parfois contredire votre propos et faire perdre de la force au fond. Sur Bunker, sur lequel je finit de plancher en ce moment, on a volontairement décidé de ne pas shooter quelques plans certes très jolis, dans un décor qui déchire, car ils n’apportent rien à l’intrigue. Et pourtant, ca aurait pu donner des beaux plans. Mais ca n’en vaut pas la peine. Même les ninjas méritent un scénario !

5° Entourez vous de gens compétents

Là encore, point important. J’ai écris le scénario de mon court, j’ai déjà réalisé quelques grosses bouses. Aujourd’hui j’essaie de passer à la vitesse supérieure. On ne peut pas être bon en tout, donc entourez vous d’un bon chef op, d’un bon assistant réal ou d’un directeur d’acteur selon vos capacités, d’un bon ingé son, etc, etc… Par exemple, pour aller filmer une actrice pendant deux jours dans un bunker, on va déplacer douze personnes. Oui douze ! Parce que l’image, le décor, le son, la technique… tout doit être impeccable. Et clairement je ne touche pas une bille en lumière par exemple. Et n’oubliez pas la bouffe. Une équipe qui mange bien, c’est une équipe en forme.

6° Travaillez en amont

Un bon film, c’est un film qui est bien préparé en amont. Si c’est le cas, vous gagnez du temps sur le tournage, vous évitez un certain nombre de prise de tête et vous n’avez plus qu’à faire des changements mineurs. Et en cas d’imprévu, vous avez le temps de les gérer. Bunker est déjà découpé, le décor décidé, les lumières positionnées, les lieux repérés, l’actrice est en train de finir de caler son jeu… bref tout est prêt avant le tournage… Sur les lieux, il n’y aura plus qu’à se concentre pour tirer le meilleur de chacun et essayer d’attraper le spectateur.

7° Mettez du budget

On peut toujours trouver des bénévoles pour monter un projet. D’ailleurs c’est mon cas, personne n’est rémunéré sur le projet. Mais par contre chacun à quelque chose à y gagner ou y trouve son compte pour son book, sa bande démo, le défi technique… Mais un film sans argent, ce n’est pas un film. Il faut de la lumière, de la logistique, de quoi bouffer, des accessoires, etc… Et ca coute de l’argent. Et parfois il vaut mieux claquer 500€ de plus pour avoir une belle lumière au lieu d’un truc minable, et ainsi sauver votre projet. Bunker est budgété à 3000€, c’est cher, mais on a serré au maximum pour avoir un bon résultat. Et j’espère qu’à l’image on aura l’impression qu’il a été tourné pour beaucoup plus…

8° Projetez vous à la place du spectateur

A tout moment, et dieu c’est que c’est difficile quand on a le nez dans le guidon, suivez votre instinct. Si vous avez l’impression qu’une scène ne fonctionne pas, que quelque chose cloche, ne remettez pas à plus tard. Trouvez le problème et corrigez. Si ca cloche sur le tournage, ca sera encore pire à la vision. J’ai tourné suffisamment de trucs bancals pour en être persuadé. Certains disent que le montage permet d’effacer les erreurs. Certes, mais si ce qui est tourné est de qualité, le montage n’en sera que plus aisé.

9° Pensez à la promotion

C’est bien beau de tourner votre « Charlemagne contre les ninjas », mais qui va bien pouvoir le voir ? Il faut penser à la promotion de votre film. Comment allez-vous le montrer ? A qui ? Va-t-il en festival ? Allez-vous le diffuser à la téloche ? Sur Internet ? Pour bunker, on regarde en ce moment avec un chaîne de télé (j’en reparlerai si ca aboutit) et on va essayer si le résultat est bon, d’en faire une bête de concours. Attention, certains demandent des films qui n’ont jamais été diffusés, donc ne relâchez pas votre film trop vite pour le grand public…

10° Eclatez vous

Un film c’est beaucoup de boulot, même pour un court métrage. Si l’ambiance est à chier, ca se ressentira à l’écran. Si vous déconnez entre les prises, ca détend l’ambiance, et tout le monde est prêt à travailler plus pour gagner … euh… rien comme ils sont bénévoles ha ha. Et puis faire un film ca reste quelque chose de très sympa, ca serait dommage de le faire en s’engueulant avec l’équipe toutes les deux secondes…