CONTROL ( De Anton Corbijn )

Publié le 29 octobre 2008 par Devotionall

    ***   GRAND ECRAN   ***

CONTROL ( de Anton Corbijn )

Le film n’est pas une nouveauté en France, mais il vient à peine de sortir en Italie. CONTROL, où la vie et l’œuvre de Ian Curtis, le chanteur du groupe JOY DIVISION. Une sorte de grand échalas épileptique, qui ne savait pas vraiment chanter, qui portait le mal être en lui comme peu d’autres savent le faire. Mais qui avait aussi cette grâce géniale, cette capacité à être artiste, hors du temps et des modes, à créer son monde à soi, ses règles et ses lois, cruellement déphasées par rapport à la vie réelle. Pour ce long métrage, c’est Anton Corbijn qui se colle à la biopic. Ce grand réalisateur de vidéos clip et éminent photographe rock est par exemple à la base de l’explosion iconographique des Depeche Mode, depuis 1986. Fidèle à ses amours, il tourne ici exclusivement en noir et blanc, une idée absolue quand l’ambition est de faire naître devant nous les passions, les émotions, de les rendre humaines et quasi autonomes. Un noir/blanc/gris tout en nuances qui suinte la sensibilité et semble esthétiquement parfait, surtout pour ce qui est de refaire vivre, le temps d’un long métrage, toute une époque, tout une légende.

Dans une chambre en ouverture, Curtis, immobile, fume couché sur son lit en écoutant Bowie. Sur le bureau, trois classeurs noirs étiquetés avec application - romans, poèmes et chansons - se font la verticale sous quelques photos. Curtis imite ses idoles au miroir, rappelant par ses poses ceux dont les portraits ornent les murs. Un corps torse-nu pour Iggy Pop sous des airs de Lou Reed observant Ziggy Bowie l’air rêveur, presque inquiet. CONTROL, c’est en effet la vie torturée du chanteur Ian Curtis, leader du groupe mythique de rock anglais des années 70 et 80, Joy Division. Tiraillé entre la célébrité, sa vie de famille et son amour pour une autre femme, Curtis s'est pendu à 23 ans, le 17 mai 1980, à la veille de la tournée américaine du groupe qui s'annonçait triomphale. Etrange trajectoire que celle de ce gamin introverti et quasi mutique, qui explose sur scène et se consume d’un concert enflammé à l’autre…

La musique, ici, est l’expression ultime de la dépression, l’exutoire du mal de vivre qui ronge de l’intérieur. D’ailleurs les scènes de concert sont superbes, et la bande son est bien sur irréprochable. Sam Riley est très crédible et fait revivre de manière convaincante les errances du jeune Ian Curtis, à coté duquel un certain Pete Doherty ne semble qu’un plaisantin pathétique façonné par les médias. Un peu moins réussi l’histoire sentimentale du jeune Curtis, un peu trop mièvre et banale, encore qu’elle a le mérite de nous rappeler justement que nous avons à faire à la base avec un type ordinaire, corrompu par une souffrance morale extraordinaire. Corbijn, très à l’aise quand il s’agit de véhiculer l’image des grands du rock ( Rem, U2, Depeche Mode ) en quatre minutes de clips ombrageux, signe un premier passage au long métrage qui a tout d’une réussite attendue. Un film parfois hypnotique, qui replace Joy Division à sa vraie place, une des formations incontournables des 70/80’s et qui consacre un réalisateur soigneux et appliqué. (7,5/10)


Plongez dans la déprime avec CONTROL