Auto-école, boulot, dodo

Publié le 31 octobre 2008 par Cahri Cahri

Alors que les inspecteurs du permis de conduire ont renouvelé leur mouvement de grève mercredi, le gouvernement prépare une nouvelle réforme du papier rose. Parmi les nouveautés attendues : la conduite accompagnée possible durant les heures de travail.

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Pour tourner à droite, je dois : m’arrêter, réponse A ; céder le passage, réponse B. » Dans la salle de révision du code de l’auto-école, Philippe vient de se tromper pour la sixième fois. Ce cadre de 26 ans s’entraîne à l’examen du code de la route qu’il tente d’obtenir depuis plus de six mois.

Peu assidu aux séances proposées par son auto-école et n’ayant effectué que quatre heures de conduite, il n’est pas prêt d’obtenir son sésame. « J’espère vraiment pouvoir l’avoir d’ici six mois. Mon boulot m’accapare et mes temps libres ne correspondent pas aux horaires de l’auto-école ». Rarement de retour chez lui avant 18h30, il est difficile pour Philippe d’obtenir des heures de pratique. AF Conduite, à La Montagne, ferme à 19h. « Il me reste le samedi matin, souligne le piéton. Mais les réservations doivent se faire plus de trois semaines à l’avance, pas évident de s’organiser ».

Obtenir le permis est devenu indispensable pour Philippe, souvent amené à se déplacer sur Saint-Pierre pour son travail. En attendant qu’il soit enfin autonome, son entreprise lui rembourse les frais de taxis, ou il s’arrange avec ses collègues. La nouvelle réforme - pour peu que ces mesures soient conservées dans le texte final – serait d’une grande utilité pour notre cadre à l’emploi du temps surchargé. Selon Libération, elle permettrait à un employé d’effectuer sa conduite accompagnée dans les véhicules de sa société, pendant les heures de travail. Et ce, durant une période de trois mois (contre un an actuellement) s’il a plus de 18 ans.

Le taux de réussite au premier passage du permis avec la formule actuelle de l’apprentissage anticipé de la conduite est de 73% contre 49% avec la méthode traditionnelle. Le gouvernement viserait 65% de réussite avec la nouvelle formule proposée aux candidats majeurs.

Etre prêt en trois mois

Au fond de la salle de code, Gérald avoue ne pas être emballé par ce projet de réforme. Les statistiques lui importent peu. « Si cette réforme ne change rien aux prix pratiqués par les auto-écoles, pour moi, elle est inutile. C’est cher et en plus, je dois attendre deux semaines entre chaque heure de conduite. À ce rythme-là, je n’aurai pas le permis avant l’année prochaine ». Deux moniteurs ont récemment démissionné dans cette auto-école. Ajouté à cela la grève des examinateurs, le calendrier d’inscription à l’examen est bloqué. « Pas avant deux mois », glisse la secrétaire. Arsène, directeur de l’auto-école FNC aux Camélias, voit d’un bon oeil cette réforme. « J’ai actuellement très peu d’élèves majeurs qui optent pour la conduite accompagnée. Passés 18 ans, ils arrivent à l’autoécole avec beaucoup de préjugés et veulent passer leur permis au plus vite. En trois mois, je pense qu’ils peuvent être prêts, à condition que les accompagnateurs suivent également une formation ».

Le projet ne dit pas si cette conduite accompagnée « light » s’appliquera dans les mêmes conditions que l’actuelle. C’est-à-dire plus chère que la formule classique, mais qui permet une ristourne sur l’assurance une fois le permis obtenu. Pas sûr que ce soit la priorité des candidats au papier rose.


Antoine FORESTIER
Etudiant en journalisme à Info-Com

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