Saw 5 de David Hackl

Par Geouf

Résumé: Le détective Hoffman, qui s’est révélé être un autre disciple de Jigsaw, a réussi à cacher sa double identité tout en passant pour un héros. Mais maintenant, il s’agit pour lui d’éliminer un agent du FBI un peu trop curieux, tout en supervisant un nouveau jeu mortel, dernière requête de son mentor…

 

« This Halloween belongs to Saw 5» annonçait fièrement la bande-annonce du nouvel épisode de la série initiée par James Wan. Pas étonnant,  Lionsgate ne paraissant pas prêt à lâcher la poule aux œufs d’or, vu le pactole déjà remporté par les précédents opus… Seulement, cet épisode apportait de nouveaux défis. Tout d’abord, il devenait urgent de remonter la pente après l’abominablement nul quatrième film qui touchait le fond, tant au niveau scénaristique (intrigue débile et inutilement compliquée, meurtres gratuits) qu’artistique (photo d’une laideur hallucinante, gore dégueu sans intérêt). Ensuite il convenait de pallier à l’absence de Darren Lynn Bousman, médiocre metteur en scène des trois opus précédents, parti pourrir d’autres films (en commettant entre autres l’un des pires épisodes de la série Fear itself, déjà pas fameuse à la base). C’est donc à David Hackl, réalisateur de seconde équipe sur les épisodes 3 et 4 qu’incombe la lourde tâche de relancer la franchise sur de bons rails.

Premier constat qui fait plaisir : le départ de Bousman permet à la série de retrouver un peu de tenue visuelle. Si on est loin d’atteindre le nirvana, force est de constater que ce cinquième volume tient au moins la route, abandonnant les immondes filtres colorés du film précédent. Dans le même esprit, si le film utilise toujours cette agaçante technique des accélérations brusques lors de l’exposition des pièges, il le fait avec un peu plus de parcimonie, et avec une meilleure gestion (genre on comprend ce qui se passe). Enfin, si cet épisode est toujours assez gore, l’équipe a quelque peu levé le pied sur les meurtres gratuits et les gros plans dégueu (pas d’opération à crâne ouvert de 5 minutes ici). Suivant la tradition de la série, les acteurs sont tous assez médiocres, mis à part Julie Benz qui apporte un peu de professionnalisme et de conviction à un rôle assez peu développé. Le pire étant tout de même Costas Mandylor, monolithique et inexpressif au possible dans le rôle d’Hoffman.

Mais le véritable défi restait tout de même d’arriver à pondre une nouvelle histoire pour une franchise qui commence sérieusement à s’essouffler. Et il faut reconnaître au moins un mérite aux scénaristes, c’est d’arriver épisode après épisode à broder autour d’un film qui était censé être un « one shot » à l’origine. Le problème, c’est qu’à force d’éliminer méthodiquement tout le casting, il ne reste plus énormément de personnages pour jouer les héros face à Jigsaw (même si celui-ci est décédé depuis deux épisodes). Donc cet épisode tourne autour d’Hoffman, le deuxième disciple de Jigsaw révélé à la fin de Saw 4, et de Strahm, agent du FBI et unique rescapé du précédent film. Autre problème, à force de vouloir à tout prix pondre une intrigue à tiroirs pour refaire le coup du twist de la mort à chaque film, les scénaristes commencent à se perdre dans les méandres d’une franchise qui devient dès lors bougrement compliquée. Impossible donc de voir ce Saw 5 sans avoir vu les quatre autres, et même en les ayant vus, il vaut mieux avoir révisé avant pour pouvoir recoller les morceaux des différents flashbacks (obligatoires pour pouvoir faire apparaître Tobin Bell dans le rôle de Jigsaw). En dehors de ce gros défaut, il est agréable de constater que les scénaristes se la jouent plutôt humbles sur cet épisode, proposant deux intrigues croisées assez linéaires : la quête de l’agent Strahm pour faire tomber Hoffman, et les mésaventures de cinq personnes (dont la ravissante Julie Benz) coincées dans un nouveau jeu mortel. Le film se suit donc sans trop de problèmes, même si les ficelles commencent à être très éprouvées. On sait très bien que l’agent du FBI va finir par se faire avoir comme à chaque fois, et que les gens participant au jeu vont faire tout le contraire de ce qu’il faut (et sur ce coup il faut avouer qu’ils sont particulièrement crétins et méritent bien leur sort). Même le twist final tant vanté par la campagne de pub (« You won’t believe how it ends » qu’ils disaient) est assez prévisible et n’est d’ailleurs pas vraiment un twist puisque découlant du reste des événements (au moins il est logique et crédible pour une fois). Enfin, dernier bon point, les scénaristes ouvrent déjà quelques pistes pour le prochain épisode déjà prévu (vous ne pensiez tout de même pas qu’ils allaient s’arrêter là ?), notamment à travers la mystérieuse boite que Jigsaw a légué à son ex femme.

Ce nouvel opus remonte donc sensiblement le niveau de la franchise après de désastreux Saw 4, mais l’essoufflement de la série se ressent de plus en plus et il serait étonnant que la lassitude ne tarde pas à gagner le public…

Note : 4/10