Dix Petits Démons chinois

Publié le 01 novembre 2008 par Iti1801

Au début, j'étais plutôt réticent à l'idée de lire ces nouvelles enquêtes du juge Ti, tant j'ai apprécié les originales de Robert VAN GULIK. J'avais été, à ce point, transporté et émerveillé par les aventures, l'écriture et l'érudition qui transparaissait en filigrane (et nous apprenait maint us et coutumes de la Chine antique sans en avoir l'air) que je craignais d'être, ici, forcément, déçu. Et puis, j'avais cette désagréable impression qu'on avait senti un filon mercantile qu'on s'empressait d'exploiter... Tout ça ne me plaisait pas, mais j'avais pas grand chose sous la main à lire, et ma « douce et tendre » quand elle a emprunté l'ouvrage à la bibliothèque ne se doutait de rien.

Mais revenons-en à l'histoire. Le juge Ti Jien-tsie, récent sous-préfet (ils ont ce statut) de Peng-Lai, depuis un an environ, reçoit la visite du gouverneur de la province qui veut voir de ses yeux ce magistrat qui commence à être connu pour « son talent pour conduire les affaires criminelles ». Plus précisément, il veut le voir en pleine action, débrouiller une de ces affaires... Et il va être servi puisqu'une série de meurtres inexpliqués commence alors. Peut-être pas si inexpliqués que ça, car à chaque fois, on retrouve une petite statuette (issue du bestiaire des démons de « l'enfer ») à côté des victimes. Statuettes qui ont été dérobées « grâce » au gouverneur qui plus est. En effet, celui-ci a profité de l'opportunité de la découverte d'une sépulture antique pour dérober (ou amasser ; question de point de vue) quelques objets de valeur afin de se faire bien voir de l'empereur et de l'impératrice. Or, les malheureux trépassés ont justement participer à l'exhumation... De plus, tout ceci se déroule en pleine fête des âmes affamées (« selon la tradition, pendant la septième lune, les âmes incapables de trouver le repos dans l'au-delà revenaient sur terre, pas toujours armées de bonnes intentions »). Ni une ni deux, le gouverneur, superstitieux, qui craint d'être la prochaine victime prend congé et demande au magistrat de se débrouiller en prenant soin de lui adjoindre trois conseillers spéciaux (un astrologue taoïste, un devin et une chamane). Au grand désespoir du « cartésien » Ti Jien-tsie adepte des enseignements de Confucius !

Qu'en penser finalement ? L'enquête reste un prétexte à la découverte de la Chine antique (du VIIeme siècle pour être plus précis, sous la dynastie des Tang). Ainsi, dès le début nous est expliqué le découpage administratif du l'Empire par exemple. Ce qui est un point particulièrement positif. De plus, l'esprit du roman policier chinois « classique » est maintenu puisque le juge résout trois énigmes différentes. Pour le côté négatif : l'insistance sur la nouvelle religion qui s'enracine depuis deux siècles (le bouddhisme) ou encore une vision un peu trop actuelle (allusion au problème tibétain à peine voilée...), Et aussi, le côté humoristique et léger qui suinte à toutes les pages ou presque... Ce qui change de la prose classique, pour ne pas dire sérieuse, de VAN GULIK.

Pour être honnête j'ai, tout de même, été plutôt agréablement surpris, car je m'attendais à pire, mais je ne suis pas totalement convaincu... On verra bien ce que donnera la lecture Madame Ti mène l'enquête.