Le dirigeant libyen Kadhafi en Russie pour discuter armement et nucléaire

Publié le 01 novembre 2008 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a rencontré le président Dmitri Medvedev vendredi soir au début de sa visite en Russie, la première depuis 1985, qui pourrait relancer la coopération militaire et énergétique entre les deux ex-alliés de l'époque soviétique.

"J'espère que votre visite sera productive (...) Nos pays ont des liens d'amitié depuis des décennies", a déclaré M. Medvedev avant un dîner avec son hôte dans sa résidence de campagne de Meindorf, à Barvikha, près de Moscou.

"J'espère que cette visite sera profitable pour nos deux pays", a renchéri M. Khadafi, en djellaba et toque sombre, qui rencontrait pour la première fois son interlocuteur, élu en mars.

Signe de l'importance que Moscou accorde à cette visite, le "Guide de la révolution" libyenne a finalement été autorisé à planter sa tente de bédouin dans l'enceinte du Kremlin, après plusieurs jours de négociations. "La question de l'installation de la tente dans le jardin Taïninski, au Kremlin, est réglée", a déclaré un responsable du protocole. Ce jardin est situé entre les bâtiments présidentiels et le Grand Palais du Kremlin.


Déroulant le tapis rouge, M. Medvedev recevra d'ailleurs samedi matin son homologue dans le cadre prestigieux du Grand Palais pour des entretiens élargis. M. Kadhafi rencontrera également dans l'après-midi le Premier ministre russe Vladimir Poutine.

Les contrats d'armements seront en bonne place au menu des entretiens. "Le développement traditionnel des liens dans le domaine de la coopération militaro-technique" sera l'un des sujets de discussion, a indiqué une source au Kremlin.

Les entretiens prévus samedi entre MM. Medvedev et Kadhafi pourraient aussi porter sur "l'énergie nucléaire pacifique", a ajouté cette source au Kremlin, en allusion à la possible construction par les Russes d'une centrale atomique en Libye.

En outre, ce pays est "prêt à héberger une base militaire navale russe" dans le port de Benghazi, a rapporté vendredi le quotidien Kommersant, citant une source liée à la préparation de la visite de M. Kadhafi.

"La présence militaire russe sera une garantie de non-agression de la Libye de la part des Etats-Unis qui ne se pressent pas d'étreindre le colonel Kadhafi, en dépit de plusieurs gestes de réconciliation", explique Kommersant. Cette proposition est censée "atténuer le mécontentement du Kremlin" provoqué par "le non-respect" par Tripoli des accords passés en avril lors de la visite en Libye de M. Poutine, à l'époque président, écrit le journal.

La Libye a alors obtenu l'effacement de sa dette envers l'ancienne URSS, qui se montait à 4,5 milliards de dollars, en échange d'importants contrats avec des entreprises russes que Tripoli n'aurait pas encore honorés.

Les contrats de ventes d'armes qui seront évoqués au cours de cette visite pourraient dépasser les 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros), a indiqué vendredi une source au sein du complexe militaro-industriel russe, citée par l'agence Interfax.

La Libye serait intéressée par des systèmes de missiles sol-air S-300 et TOR-M1, des chasseurs MiG-29 et Su-30 et des chars T-90, selon cette source.

Le début de la coopération militaire russo-libyenne remonte à l'arrivée au pouvoir de Mouammar Kadhafi en 1969. La Libye devint alors un important partenaire de Moscou jusqu'à la chute de l'URSS. Les relations se refroidirent ensuite jusqu'à la visite de M. Poutine à Tripoli en avril.

Après avoir renoncé en 2003 à son programme d'armes de destruction massive, Mouammar Kadhafi s'est aussi rapproché des Occidentaux, qui le reçoivent souvent avec faste, telle la France en décembre 2007, alléchés par des perspectives de contrats, notamment dans l'énergie.

T-90

SU-30

MIG-29

Missile de défense Sol-Air S-300

TOR-M1