Tour 2009 : un parcours pour grimpeur....en forme !

Publié le 04 novembre 2008 par Cyclisman
Alejandro Valverde a toutes les cartes en main pour réussir son Tour de France 2009. Une équipe dévouée (puisque Contador restera finalement bien chez Astana la saison prochaine), un semblant d'expérience sur la Grande Boucle après avoir rallié deux fois paris, une sérénité retrouvée après une excellente saison 2008 qui contraste avec sa saison 2007. Surtout, le murcien a décidé de se concentrer l'an prochain, et pour la première fois (véritablement) de sa carrière, sur le Tour, en ne courant que très peu avant le mois de Juillet - il se pourrait même qu'il ne reprenne la compétition qu'en avril (à confirmer par l'intéressé dans les semaines à suivre) ! Un programme "à la Armstrong" qui a déjà fait ses preuves - dernier exemple en date : Carlos Sastre, l'an passé.

Ne manquait donc plus que la présentation du parcours de l'épreuve pour se convaincre qu'Alejandro ferait parti des grands favoris le samedi 4 Juillet prochain. C'est désormais fait ; le parcours lui est en effet très certainement favorable.

Peu de km de CLM individuels

A regarder en premier lieu : le kilométrage de contre-la-montre individuel. Environ 55km, c'est peu, donc c'est bien : ce n'est pas un secret que l'exercice en solitaire n'a jamais réussi à Alejandro, surtout sur les longues distantes et les chronos plats. Justement, en 2009, ils ne seront pas du tout comme cela ! Le premier CLM, disputé le premier jour, à Monaco, est court et cabossé. Parfait ! Cette fois, pas question pour Valverde de perdre de temps sur ses concurrents, qui se donneront à fond pour le premier affrontement entre les favoris. Qui sait, peut-être de petits écarts, mais qui se révèlent être au final très important (pour preuve, depuis 2006 jamais l'écart entre le vainqueur final et son dauphin n'a excédé la minute sur le Tour - en 2007 il n'était d'ailleurs que de 23 secondes !), peuvent être réalisés ce jour-là...Ce qui est en tout cas certain, c'est qu'il est tout à fait possible qu'Alejandro remporte ce chrono. Car sur ce type de course, l'espagnol n'est vraiment pas mauvais : il a déjà gagné des CLM (plus ou moins) courts, sur les Tour de Murcie 2008, 2007, de Burgos 2007, sur la Classica de Alcobendas 2007, a fini second de celui du Critérium International 2007, etc...Et lorsqu'ils ne sont pas plats, c'est encore mieux, comme en témoigne sa brillante victoire dans le contre-la-montre du Dauphiné 2008 où il avait mis respectivement 19" et 20" dans la vue de Leipheimer et d'Evans, sur 31km ! Alors certes, le niveau du Tour est bien plus élevé que la majorité des courses que je viens de citer, mais à 110% et dans la meilleure des formes, il pourrait bien en impressionner plus d'un...de là à revêtir le maillot jaune dès le premier jour ? Il n'y a qu'un pas, qui peut vite être franchi...L'histoire ne nous dit par contre pas si porter la tunique de leader en tout début d'épreuve est la bonne stratégie !
L'autre CLM individuel, disputé une fois n'est pas coutume le dernier jeudi des 3 semaines au lieu de la veille de l'arrivée, le samedi, est cette fois plus long (40km). Même s'il n'est pas totalement plat (les coureurs devront grimper le col de Bluffy, qui ne devraient cependant pas suffire à écarter les purs rouleurs de la victoire), il devrait moins convenir à Alejandro, qui aura cette comme objectif de perdre le moins de temps possible sur ses adversaires. Il est tout de même possible que l'espagnol finisse dans le même temps que les autres candidats à la victoire finale, mais Valverde y laissera alors des forces, à deux jours de l'arrivée au Mont Ventoux...Et puis, tout dépendra également du contexte : si Alejandro est encore en lice pour le maillot jaune ou non.

Le Tour se gagne avec une bonne équipe. Il ne faudra pas oublier cette vérité générale l'an prochain, avec la réapparition du CLM par équipe. Contrairement aux derniers chronos par équipe disputés sur le Tour, les temps réels seront cette fois pris en compte. La Caisse d'Epargne devra donc emmener avec elle de bons rouleurs, au risque que Valverde débourse de précieuses secondes sur les 38km de cette 4e étape. L.L.Sanchez et Gutierrez seraient par exemple fort appréciés....En tout cas, tant que l'écart entre les meilleures formations (Astana, logiquement) et la Caisse d'Epargne ne dépasse pas 1'30", cela ira. Espérons également qu'Alejandro ne cogne pas son genou contre son guidon. Celle là, il nous l'a déjà faite en 2005, pour ensuite abandonner quelques jours plus tard ; on s'en passera bien volontiers l'année prochaine, où il misera sa saison sur le Tour !

Les Alpes seront décisives

Et la montagne, dans tout ça ? Elle aussi convient à Valverde ! Les Pyrénées, qu'il n'apprécie pas, ne devraient pas être le théâtre de bagarres entre les favoris, mis à part dans l'étape se disputant en Andorre, qui s'achève au sommet d'une montée finale classée 1ere catégorie de plus de 10km, qui promet d'être belle (pour Valverde ?) ! Sinon, les cols pyrénéens des deux autres étapes disputées dans ce massif sont placés à chaque fois loin de l'arrivée - le sommet du col du Tourmalet, col où Alejandro avait connu une défaillance cette année, est par exemple à près de 70km du but, ce qui devrait calmer certains favoris souhaitant se découvrir.
Les prétendants au maillot jaune se donneront donc rendez-vous dans les Alpes pour en découdre, en dernière semaine - un massif où Alejandro a déjà fait ses preuves. Le dimanche 19 constituera la seconde arrivée au sommet de ce Tour, qui n'en compte que trois : l'arrivée est jugée à Verbier, en Suisse, au bout d'une large montée finale de 9km, à 7%. Une belle ascension susceptible, à n'en pas douter, de sourire à Valverde -je vous l'aurais dis...

Le Mont Ventoux en juge de paix


Après la journée de repos le lendemain, les coureurs se mesureront au Grand Bernard puis à son petit frère, le Petit Bernard avant de redescendre vers Bourg-St-Maurice. Une étape courte mais qui pourrait se révéler piégeuse. Les coureurs préféreront peut-être cependant se préserver pour le lendemain, étape avec 5 cols à l'affiche ; une des plus éprouvantes des 3 semaines ! Même si elle ne se termine pas au sommet, elle sera à n'en pas douter révélatrice de l'état de forme de chacun, trois jours avant le Mont Ventoux ! C'est là, à la veille de l'arrivée finale, que l'on connaitra le vainqueur du Tour, et probablement pas avant (à moins que le leader de la course ai au moins 2' d'avance sur son plus proche rival, ce qui est peu probable).
Puisque le "Géant de Provence" sera très certainement décisif, il convient de se pencher sur les performances de Valverde sur ce col. L'espagnol l'a gravi à deux reprises en compétition : lors des Dauphiné 2006 (18e, mais il n'avait pas cherché la victoire) et 2007, où il avait, on s'en souvient, connu la plus grande défaillance de sa carrière, terminant avant-dernier (le dernier étant son coéquipier Garcia Acosta), à l'agonie. Il faut néanmoins replacer cette contre-perf dans son contexte : Valverde avait été malade toute la nuit et l'était d'ailleurs probablement encore juste avant le départ - voilà tout ! Aucun raison donc qu'en forme "normale" (ou mieux, en forme optimale) le Mont Ventoux ne lui résiste (il a bien réussi sur d'autres grands cols, notamment, pour évoquer des faits récents, la montée vers La Toussuire sur le Dauphiné 2006 où il avait terminé second derrière Mayo, et encore plus proche de nous, à l'Angliru sur la dernière Vuelta, également second derrière Contador).

Conclusion :


Le faible kilométrage de contre-la-montre individuel ne peux que favoriser Valverde, et plus généralement les grimpeurs, qui devraient truster les premières places du classement final. Si les Pyrénées ne creuseront que peu d'écarts, les Alpes seront quant à elles décisives : c'est dans ce massif, grimpé la dernière semaine, que le Tour se jouera (au plus grand plaisir d'Alejandro, qui n'a jamais caché qu'il préfère les Alpes aux Pyrénées) ! Avec en tête le Mont Ventoux, qui servira de juge de paix à l'épreuve - inutile de dire qu'il est indispensable pour les candidats à la victoire finale d'aller reconnaitre l'ascension avant Juillet, et en Juillet de garder le maximum de forces jusqu'à là...

Il ne vous aura également pas échappé que la majorité des difficultés sont placées en dernière semaine, et même en tout fin d'épreuve (en tête, et on y revient sans cesse : le Mont Ventoux, grimpé à 24h de l'arrivée). Cela m'inspire deux réflexions :
_les favoris devront s'économiser lors des deux premières semaines pour arriver le plus frais possible en fin de deuxième semaine. Cela implique que Valverde sacrifie (ou du moins se donne le minimum sur) certaines étapes qui lui sont favorables - je pense notamment à celle, en 1ere semaine, se terminant au bout de la montée de Montjuic (photo ci-contre, lors de l'Escalade de Montjuic 2005), à Barcelone, rampe de 1700 mètres qui peut être comparé au mur de Huy de la Flèche Wallonne. Le coup de la victoire un des premiers jours, comme en 2008 à Plumelec même si cette victoire avait fait très plaisir sur le coup, devra donc cette fois être évité (sauf sur le chrono de 15km lors de 1ere étape, qui sera le premier affrontement entre les favoris).
_ces même favoris, pour réussir leur Tour, devront être très en forme en Juillet : la condition physique sera plus-que-jamais déterminante sur la prochaine Grande Boucle, difficultés croissantes durant les 3 semaines oblige. Pour cela, pas de secrets : il leur faudra très peu courir avant le mois de Juillet et ne pas trop se dépenser. Ca tombe bien, c'est ce que fera Valverde, et ce pour la première fois de sa carrière, en reprenant la compétition tard (probablement en avril). Cette décision modifie entièrement sa saison, qui sera ainsi centrée sur le Tour - les classiques ardennaises, par exemple, devraient à priori être couru dans une forme très moyenne et donc en quelque sorte sacrifiées. Alors, est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? On en parle dans un prochain article...