Okkervil River - Concert à l’Alhambra de Paris le 03/11/08

Publié le 04 novembre 2008 par Oreilles

Les fidèles de Dodb ont eu du mal à passer au travers de mes articles sur la formation texane du moment, certains ont même atteint l’overdose, d’autres en redemandent peut-être. Toujours est-il que la boucle est enfin bouclée ce soir avec la tant attendue prestation live au bien pensé théâtre de l’Alhambra. Après l’obscure Down to the river of golden dreams et l’euphorisant diptyque théorique sur le statut d’artiste The stage names/The stand ins, votre serviteur une fois cette chronique terminée pourra prendre son temps et laisser passer les mois avant de vous détailler l’anecdotique premier album Don’t fall in love with everyone you see ainsi que l’indispensable Black sheep boy. Nous n’en sommes pas là. _
L’une des questions que l’on se pose lorsque l’on se rend à un concert prétendu folk c’est de savoir si l’ensemble sera suffisamment entraînant pour faire bouger, en gros pour déclencher autre chose que le simple "j’écoute, je balance la tête et j’apprécie". Ceux qui ont écouté les deux derniers opus savent que la mélancolie appréciable de Black sheep boy est loin derrière et que les mélodies catchy ont tendance à investir l’univers Okkervil River et à le pousser vers de nouvelles dimensions, plus proches à présent de l’orchestration d’un Bruce Springsteen que du folk dépouillé de Leadbelly. Encore qu’en matière d’orchestration, Dave aurait préféré la prestation du combo I’m from Barcelona, oh injure suprême ! _
La réponse à cette question ne tarde pas à s’imposer d’elle-même : Oui, majoritairement, Okkervil River ça envoie. Les musiciens (dont le line up semble avoir récemment changé, outre le départ légèrement regrettable de Jonathan Meiburg au profit d’un rouquin impassible) sans s’imposer virtuoses, maîtrisent suffisamment le sujet pour assurer un fond americana profitable à leur "plus leader que jamais" Will Sheff dont le charisme sur scène impressionne, surtout quand on a vu le Monsieur au calme un peu plus tôt (pour l’interview exclusive à venir prochainement sur Dodb). C’est aujourd’hui indéniable, Will s’est grandement affirmé et ne semble entouré que de faire valoir au sens non péjoratif du terme. Rien qu’à la disposition sur scène, Will au milieu, les autres en arc de cercle autour, le ton est donné, c’est lui la véritable attraction du show de ce soir. _
En effet, force est de constater que Will possède naturellement cette aura des grands songwritters lettrés, l’incandescence aveuglante d’un lyrisme exacerbé, ce je ne sais quoi qui fait que lorsqu’il entame "Stone" en guitare/voix projecteur unique braqué sur sa personne, l’assistance est scotchée à ses lèvres et l’on entend les mouches voler. Tout comme Colin Meloy et sa "Mariner’s revenge song", il y a du Brel dedans. Une voix d’écorché vif faussement fausse à bas volume et vraiment limpide lorsqu’elle est scandée voire postillonnée. Un timbre inimitable qu’on adore aimer ou qu’on se plait à détester mais qui à aucun moment ne laisse indifférent. Fabien prétextera qu’il faut un minimum d’intimité et de connaissance de l’œuvre pour apprécier pleinement et il n’a sans doute pas tort. Accompagner du bout des lèvres Will sur du “Am I loosing my cool, overstanding my case” ou du “This is the worst trip, I’ve ever been on” ça n’a pas de prix. Encore que les néophytes ont eu droit à quelques" Lalalala" et "Ohohoh" bien mérités après tant de textes._Du côté de la playlist, d’agréables surprises ont eu lieu car en sus des inévitables morceaux efficaces des deux dernier albums que sont "Lost coastlines", "Pop lies", "On tour with Zykos" (The stand ins) et "Unless it’s kicks", "A hand to take hold of the scene", "A girl in port" (The stage names), nous avons eu droit au plus ancien "Okkervil River song" et surtout à un magnifique enchaînement" Black sheep boy"/"For real" le temps de constater qu’aucun de ces deux titres magiques n’ont perdu de leur verve narrative et mélodique, tout en gardant ce petit côté lo-fi agréable à bien des égards. Il est en ce sens difficile d’imaginer comment, avec un tel bagage de chansons universelles et un chanteur au caractère aussi marqué, ce groupe ne gagne pas très vite en popularité dans les prochaines années, à la manière de leurs voisins sudistes d’ R.E.M. . En tous cas ceux qui étaient là s’en souviendront._
Le site officiel et le Myspace
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Pour ceux qui n’étaient pas là, vous trouverez sur cette page l’intégralité du concert d’Okkervil River au Paradiso d’Amsterdam en février dernier