The Visitor

Par Ffred

  

L'histoire

Professeur d'économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l'enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès...Lorsque l'Université l'envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu'un jeune couple s'est installé dans l'appartement qu'il possède là-bas : victimes d'une escroquerie immobilière, Tarek, d'origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n'ont nulle part ailleurs où aller. D'abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui. Touché par sa gentillesse, Tarek, musicien doué, insiste pour lui apprendre à jouer du djembe. Peu à peu, Walter retrouve une certaine joie de vivre et découvre le milieu des clubs de jazz et des passionnés de percussions. Tandis que les deux hommes deviennent amis, les différences d'âge, de culture et de caractère s'estompent. Mais lorsque Tarek, immigré clandestin, est arrêté par la police dans le métro, puis menacé d'expulsion, Walter n'a d'autre choix que de tout mettre en oeuvre pour venir en aide à son ami...

Mon avis

Une si longue attente. Cinq ans après le subtile, sensible et attachant The station agent, Thomas McCarthy nous fait enfin un deuxième film. Mais l'attente est largement récompensée. The visitor dans un genre très différent a les mêmes qualités. Un film tendre et dur à la fois, sensible et drôle, passionnant et passionné. Tout ce qu'on avait aimé dans le premier est là : le déracinement, la différence, l'acceptation de l'autre, les épreuves de la vie, l'amitié, l'amour. Le récit est cette fois encore d'une sensibilité extrême, à fleur de peau, peut être trop pour certains. En tout cas en permanence au bord de la rupture, l'émotion toujours là, qui monte, prend à la gorge et finit par déborder en gouttes qui sortent des yeux...Une écriture tout en finesse et intelligence pour une mise en scène à l'identique. Filmé sobrement, sans esbroufe. Rarement un film regroupe autant de qualités. Tout sonne juste. Les personnages sont parfaitement décrits et subtilement mis en valeur. Pour cela des acteurs magnifiques. A leur tête Richard Jenkins absolument formidable. Second couteau du cinéma américain, que l'on a vu des dizaines de fois sans jamais pouvoir mettre un nom sur son visage. Maintenant ce sera chose faite. La nomination à l'Oscar (et plus) sera plus que méritée. On suit avec bonheur l'évolution de son personnage qui revient à la vie progressivement en bousculant ses habitudes et ses préjugés. Un grand moment. Ses partenaires tous inconnus sont tout aussi convaincants. Haaz Sleiman est excellent et en plus il est super sexy ! Les deux actrices sont elles aussi d'une présence et d'un attachement troublant. Bref dur de parler d'un film qui vous a touché autant. Il faut juste aller le voir.

Touchant, tendre, juste, émouvant, fin, attachant, humain, profond, délicat, etc etc...Le metteur en scène fait mieux que confirmer. Il place la barre très haut. Espérons qu'il n'attendra pas encore cinq ans pour la suite ! L'un des films de l'année, en tout cas un gros coup de coeur. Ce visiteur là restera longtemps dans les mémoires...

> Grand Prix du 34e Festival du Cinéma Américain de Deauville