Eco-America: 40 premiers jours au Brésil, belles découvertes dans un pays de contrastes

Publié le 09 novembre 2008 par Anne-Sophie

Béatrice LOUIS et Guillaume MOUTON sont les porteurs du projet EcoAmerica de l’association Nature Propre. Ils ont décidé il y a quelques mois de partir à la rencontre des possibles… et parcourir 18 pays du continent américain pour interroger les acteurs du développement durable, comprendre les enjeux, découvrir les solutions mises en oeuvre pour préserver/restaurer l’environnement, tout en respectant les humains vivant là.

Pendant 10 mois, afin de voyager en immersion culturelle la plus complète, ils se déplacent en auto-stop, en cherchant l’hébergement chez l’habitant.

Leur première étape a été la traversée du Brésil, du Nord à Récife, au Sud ouest à Foz de Iguaçu, en passant par Salvador, Belo Horizonte, Rio de Janeiro, São Paulo, puis Curitiba.

Tout au long de ce périple de 5000 km, ils ont rencontré une dizaine d’acteurs (entreprises, associations, collectivités, etc.) intervenant dans les domaines de l’énergie, de la construction, de l’aménagement, de la pêche, de la gestion de l’eau, etc… Voilà leur premier récit sur Ecolo-Info, où nous leur laissons s’exprimer sur leur ressenti et leurs perceptions, en direct des Amériques…

Une conscience environnementale liée au niveau de développement

Le Brésil est frappant pour les contrastes qui sautent aux yeux dès les premières heures de voyage. La conscience environnementale peut être plus poussée que la moyenne française, ou au contraire complétement absente de la vie des locaux.

Dans le nord du Pays, à Récife, capitale de l’état du Pernambuco, les déchets souillent les rues polluées par le transport automobile. Dans les favelas, de nombreuses personnes vivent du tri de ces déchets qu’elles font devant leur porte, pour revendre les matières ayant de la valeur (métal, certains plastiques). Ce qui n’a pas de valeur est rejeté dans la rue, les rivières, le canal parallèle à la côte…

De l’autre côté du pays, à Curitiba, capitale du Parana, on peut emprunter un des réseaux de transports en commun les plus développés, sûrs et modernes d’Amérique du Sud, notamment accessible aux personnes à mobilité réduite. Les rues sont beaucoup plus propres et une université, construite avec des poteaux électriques en bois de récupération, dispense des cours destinés à sensibiliser à l’écologie urbaine les conducteurs de taxi, les policiers, les écoliers ou encore les commerçants. Les affiches SE-PA-RE! (Trie !), arpantent les bus, certains murs, les camions de ramassage. Il y a 51 m² d’espaces verts par habitant (par comparaison, à Paris il n’y en a que 2,3).

D’une manière générale, le niveau de conscience environnementale semble relié au niveau de développement économique de la région. Quand la population souffre de la faim, recycler les déchets ou faire du compost n’est pas la préocupation principale.

Autres thèmes liés à l’environnement

La question de la biodiversité est chère aux Brésiliens. Une loi protège un certain pourcentage des terres brésiliennes (20 à 90 en fonction des états) contre toute activité, quelle qu’elle soit.

A cause d’un manque de contrôle, et de sensiblisation aux risques de l’atteinte à la biodiversité, la forêt amazonnienne continue à s’émietter à raison de la surface d’un terrain de football chaque seconde;

Enfin, on ne peut pas passer à côté des agrocarburants. Cet “Alcohol”, placé entre o diesel et a gasolina produit à base de canne à sucre, coûte environ R$ 1,5, contre 2,5 pour la gasolina (essence), et 2 pour le diesel (gasoil). La plupart des véhicules acceptent 2 voire 3 carburants.

Le gaz naturel est très utilisé également, son intérêt est de rejeter moins de polluants locaux (particules) et moins de gaz à effet de serre par km parcouru.

Cette question de l’utilisation de certaines terres pour les agro-carburants contre la production alimentaire fait toujours débat entre les experts du milieu. Malheureusement, nous n’avons pas pu rencontrer de projet en relation avec ce domaine, ainsi nous ne pouvons en dire plus.

Quand l’insécurité et l’hospitalité se réunissent

Les contrastes liés à l’environnement ne sont pas les plus marquants. Les inégalités sociales frappent beaucoup plus. Dans la même rue, au même feu rouge, on trouve un 4*4 aux vitres teintées (pour cacher ces occupants), une charette de chaises de plage ou de déchets, tirée par un jeune d’une quinzaine d’année, les pieds nus. Un vieil homme qui vend des bouteilles d’eau, aux automobilistes.

A Rio, capitale touristique du pays, tous les niveaux sociaux sont mélangés. Les Favelas, les quartiers riches résidentiels avec des tours de 20 étages, les quartiers d’attractions touristiques. Ce qui fait de cette ville, une ville magnifique, intéressante et également parfois dangereuse, surtout la nuit.

Si l’insécurité est souvent présente dans les villes Brésiliennes (une loi autorise les automobilistes à ne pas s’arrêter aux feux rouges la nuit, pour éviter les braquages), si la criminalité est bien réelle quoique principalement contenue dans les favelas, nous avons eu l’agréable surprise de rencontrer une générosité débordante de la part des Brésiliens en général. Certainement grâce à notre statut de couple français, étudiant, reporter et voyageur (plutôt que touriste)…

Nous ne comptons plus les repas offerts, nous ne sommes plus surpris que quelqu’un nous invite dans sa propre maison à 22h, alors que nous ne nous connaissons pas, nous propose une douche, nous propose de laver nos vêtements. C’est devenu presque courant au Brésil.

Au final, il y aurait tellement d’autres choses à raconter, parler de la biodiversité, de la nourriture, de la religion, du football, ou futebol… La suite au prochain épisode, car notre programme est bien chargé!

Guillaume et Béatrice

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