La bande à Baader : assassins ou libérateurs ?

Par Mahee

La bande à Baader. Un nom qui sonne comme un couperet. Symbole de terrorisme, d’assassinats, de psychoses, de justice mais aussi d’injustice. La Fraction armée rouge (RAF), née en 1968 et menée par Andreas Baader, opère en Allemagne de l'Ouest pendant les années 1970 et 1980, contribuant au climat des années de plomb. Comme de nombreuses organisations révolutionnaires d'extrême gauche, elle prône la lutte armée afin d’empêcher le capitalisme de gangrener la société. Les autorités, elles, la considèrent comme terroriste. Attentats, enlèvements et assassinats spectaculaires sont perpétrés par ses membres jusqu’en 1998, date de la dissolution officielle du groupe. Au total, le mouvement aura assassiné 34 personnes.


Il va sans dire que cette histoire m’intéresse. Déjà, parce qu’elle fait partie de l’Histoire avec un grand "H". Ensuite, parce qu’elle s’inscrit encore aujourd’hui dans l’actualité avec la libération de Brigitte Mohnhaupt, affaire qui avait retourné l’Allemagne l’an dernier. Et enfin, parce que les mouvements révolutionnaires ont toujours exercé un certain ascendant sur moi : comprendre quelles motivations peuvent pousser des gens à tuer sous prétexte de créer une meilleure société. Toujours cette même problématique des Justes, d'Albert Camus.
Avec La Bande à Baader, le réalisateur Uli Edel revient dans son pays natal, pour une production uniquement allemande, ce qui n'était pas le cas au cinéma depuis son premier film Moi, Christiane F. ..13 ans, droguée et prostituée en 1981.
Le film est adapté d'un ouvrage éponyme de Stefan Aust relatant l'épopée de la bande. Cet ouvrage est devenu une référence historique en la matière. Le sujet a déjà inspiré les réalisateurs, notamment Christopher Roth avec Baader (2002).
Le film a suscité de vives réactions en Allemagne où le mythe de la bande renaît au lieu d'être détruit. Le film lui est apparu trop réaliste et dans l’empathie. Un journaliste allemand du Bild a toutefois déclaré à Allocine : "Même si cela me fait mal de voir ça, c'est la seule manière de montrer clairement aux jeunes à quel point la RAF était violente et assoiffée de sang : c'était pas des rebelles, c'était des assassins."