Le Chant du ruisseau

Par Chanok

Collection : « Longue Vie », ou toute l’expérience de la vie dans le monde d’aujourd’hui

Écrit par Chae In-sun
et illustré par Kim Dong-seong

Office : mars 1
MEV : 04 mars 2009
ISBN13 : 978-2-916899-17-6
EAN : 9782916899176

PVP : 14 €

Traduit du coréen par Yang Jung-hee et Patrick Maurus

(Du même illustrateur que : Oneuli !)

- album, livre d’images pour enfants (Dilicom : 2521)
- 40 pages, tout en couleurs
- un grand format ; largeur : 195 mm ; hauteur : 255 mm
- relié, couverture cartonnée et finition soignée
- graphisme : atelier Bigre, Paris

>>> L’histoire…

Sônmi part à vélo avec son oncle. Il lui montre les rizières et les ruisseaux coulant à flot dans la campagne malgré la sècheresse de la terre. Il lui parle des buildings géants et des nouvelles avenues de la ville.
Ainsi, même si l’urbanisation sans gêne s’étale sur le monde, elle ne possèdera jamais la beauté de la nature conservée dans la mémoire et les rêves des hommes.

>>> Extrait…

Le soleil était déjà couché et le ciel se teintait lentement de rouge. Le vent de montagne était frais et je frissonnais.
« Il est l’heure de rentrer à la maison. »
Mon oncle s’est levé le premier.
« Je veux rester encore un peu……
-Ta maman s’inquiéterait. »
Nous sommes redescendus au ruisseau pour nous laver les mains. Dissimulant son chant, le ruisseau s’écoulait et les feuilles de saule étaient en silence.

Nous avons repris le vélo et nous nous sommes remis en route.
Le vélo était parti. Lentement. Nos cheveux étaient agités dans le vent.

Dans notre dos, l’ombre de la montagne est restée longtemps suspendue, puis l’obscurité s’est abattue brusquement. Maintenant, le ruisseau et le saule avaient disparu. Par contre, les magasins et les voitures ont surgi comme autant de monstres. Les voitures étaient bruyantes, mes oreilles bourdonnaient.
« Tonton, c’est là où coulait le ruisseau ?
-Sans doute. »

« Juste sous cette route ?
-……
-Ni lumière, ni écrevisse, ni saule, rien du tout ?
-C’est vrai, il n’y a plus rien. »
Le vélo avançait vite. J’ai serré la taille de mon oncle. Au dernier virage, la montagne engloutie dans l’obscurité était maintenant très loin.

Lorsque le vélo a atteint le grand ensemble, j’ai appelé mon oncle à voix basse :
« Tonton !
-Quoi ?
-Ce que nous avons fait aujourd’hui au ruisseau, je dois le dire à maman ?
-Comme tu veux.
-Gardons-le secret. Si les gens le savaient, ils ne le laisseraient plus tranquille. Pour construire des routes et des maisons. »

« Ils l’ont déjà fait.
-Quand même. »
Au lieu de me répondre, il s’est mis à siffler. J’ai imité mon oncle. En fait, son sifflement ressemblait au fifre. J’ai pensé qu’il jouait du fifre. Et le vélo s’est remis à danser en zigzaguant.
Notre ruelle arrivait tout de suite après le stade municipal. Les poteaux électriques et les passants me sont apparus petit à petit. Il me semblait qu’ils nous regardaient.

Nous étions arrivés.
Mais quelqu’un allait et venait devant la maison.
C’était évidemment maman.
En tirant mon oncle, je lui ai encore dit :
« Tonton, c’est un secret !
-Je sais. Un secret. »