La bande à Baader

Par Rob Gordon

Bien loin de Romanzo criminale ou du dyptique Mesrine, La bande à Baader est d'abord un vrai film politique, qui s'appuie sur la description de l'épopée d'un petit groupe marginal pour livrer un propos consistant et passionnant. C'est à peine si Uli Edel et son co-scénariste (et producteur) Bernd Eichinger ont eu besoin de romancer l'ensemble, tant le parcours de la bande d'Andreas Baader (et Ulrike Meinhof, comme l'affirme judicieusement le titre original) s'apparente à un roman-fleuve, bourré de rebondissements, d'actes héroïques et de destins tragiques.
Comme le Buongiorno, notte de Marco Bellochio, La bande à Baader montre comment certaines idéologies politiques semblent inévitablement destinées à n'être défendues que par la violence, les moyens plus orthodoxes n'ayant aucun poids sur l'opinion publique. Sans en faire des icônes, sans jamais oublier qu'ils ont semé la mort sur leur passage, Edel pose sur ses personnages un regard parfois admiratif mais souvent désabusé. De cette poignée de vies brisées car toutes dédiées à une cause vouée à l'échec, reste une impression de gâchis gigantesque, créant une mélancolie qui frappe l'écran à chaque seconde.
La mise en scène très (trop ?) classique souligne idéalement les forces et les failles de Baader et Meinhof, qu'ils aillent s'entraîner dans le désert jordanien ou qu'ils tentent avec panache d'assurer leur défense lors de leur procès. Si spectacle il y a, c'est non seulement dans les nombreuses scènes sanglantes du film, mais également dans chaque mot de chaque réplique de cette Bande à Baader aux dialogues étincelants, qui réconciliera fans de grandes fresques et amoureux de grandes oeuvres politiques.


8/10
(également publié sur Écran Large)