Ma grande amie l’écriture

Publié le 17 novembre 2008 par Raymond Viger

Ma grande amie l’écriture   Le mot de Marilou

La conjointe d’un ancien compagnon de travail m’avait dit: «Je me suis fait une grande amie: l’écriture. Ça me permet d’exprimer ma rage, ma douleur, ma peine». Son mari souffrait d’un cancer en phase terminale.

À Noël 2004, après avoir reçu le diagnostic de cancer de mon mari, une de mes sœurs me donne un de ces beaux livres pour écrire mon journal. Je commence l’écriture en me demandant ce que je vais bien pouvoir dire. J’avais déjà essayé auparavant mais j’avais arrêté. Je trouvais que cela ne m’aidait pas. Au contraire, je me sentais encore plus malheureuse.
J’avais quitté mon emploi en 1994 pour des raisons d’éthique. Je commençais sérieusement à ressentir le besoin de mettre à profit mon expérience, mes connaissances. Je voulais les exploiter pendant que j’étais encore relativement jeune. En 1994, un retour au travail passé 40 ans, n’était pas aussi facile qu’aujourd’hui. Je me suis dit: si j’écris, il faut que cela soit positif. Comment faire, alors que mon mari a le cancer? Dans le cadre de son travail, mon conjoint a suivi un cours de gestion de soi. Dans ce cours, on lui suggérait ce petit test quotidien:

  • Qu’avez-vous appris de nouveau aujourd’hui?
  • Dans vos rêves, qu’est-ce qui vous arrivera de mieux demain?
  • Demain, qu’est-ce qui vous fera plaisir?
  • Quels sont les cinq plaisirs que vous avez eus aujourd’hui?
  • Quelle souffrance positive avez-vous eue aujourd’hui?

Ce petit test quotidien m’a permis de garder le cap. J’ai continué à apprendre, à rêver. J’ai continué à être réaliste, à reconnaître les petits plaisirs de la vie et à devenir une meilleure personne.

Je n’ai plus mon conjoint pour verbaliser mes états d’âmes, relativiser les situations.  L’écriture aujourd’hui me permet de prendre du recul. Grâce à elle, je prends le temps de réfléchir sur ma situation, mes sentiments, mes angoisses. Je définis et redéfinis mes objectifs, mes priorités. Je me recentre sur ce qui est important. Je laisse dans mon cahier tout ce qui m’empêche d’avancer et d’être heureuse.

Parfois, je le relis et je constate tout le chemin parcouru. Grâce à cet appel téléphonique à la conjointe de mon compagnon de travail, j’ai pu apprivoiser cette grande amie, l’écriture.

Bonne écriture.

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