Les grandes personnes

Par Luc24

La critique  

 

Adolescence et amours déçus : une oeuvre délicate et inspirée

 

Chaque été pour l’anniversaire de sa fille Jeanne (Anaïs Demoustier), Albert (Jean-Pierre Darroussin) l’emmène visiterun nouveau pays d’Europe. Cette année, elle fête ses 17 ans et il l’emmène sur une petite île suédoise où , parait-il, se cache le trésor perdu d’un Viking légendaire. Mais à peine arrivés, les ennuis commencent : la propriétaire de la maison louée par Albert s’est trompée dans les dates de location. Finalement, elle et son amie Christine vont rester sur les lieux pendant le séjour d’Albert et Jeanne. L’occasion de faire connaissance et pour la réalisatrice Anna Novion de dresser le portrait de différentes solitudes affectives opposées à l’éveil sentimental et sexuel de la jeune Jeanne…

Belle surprise de la Semaine de la Critique à Cannes, Les grandes personnes est un film d’auteur caustique et sensible. Au premier plan, la relation Père-Fille entre Albert et Jeanne. Lui est un peu renfermé sur lui-même, autoritaire, parfois excessif. C’est comme s’il ne réalisait pas que sa fille est plus proche de devenir une femme que de l’enfance. Sa gosse, Albert l’a élevé tout seul, sa femme étant partie à l’étranger sans trop penser à l’équilibre de sa famille. Pas très à l’aise avec les présences féminines de la propriétaire et de son amie, Albert va devoir accepter le fait que ses vacances ne se passeront pas comme prévu. Pendant ce temps, Jeanne a un coup de cœur pour un jeune suédois et s’apprête à découvrir l’ivresse de l’amour et ses aléas. Alors que le scénario laisse une place considérable à un humour tendre (les dialogues sont particulièrement bien écrits), la réalisation nous offre de beaux moments d’évasion, un esthétisme bienvenu et une certaine poésie.

On pensera à Sofia Coppola (un plan citant sans complexes Lost in translation) qui elle aussi affectionne les récits de filles perdues. Jeanne se cherche et va observer ces « grandes personnes » qui ont connu l’amour et en ont surtout souffert. En effet, chaque personnage à son lot d’amour trahi, déçu, gâché. Qu’on soit ado ou adulte, finalement les sentiments restent toujours une affaire délicate. Et la délicatesse, justement, sied à merveille à ce film chaleureux et bien fichu. Un petit trésor.