Gare à vos fesses: Lignac part en croisade culinaire

Par Estebe

Bien le bonjour, malbouffeurs contrits (and western)

Cyril Lignac est vraiment un garçon formidable. Non content de publier un recueil de recettes tous les quinze jours et de piloter un magazine culinaire à sa gloire, il dirige les cuisines de deux restos à Paris, plus un resto à Marrakech. Fortiche, le mec.
Et c’est pas fini. Parce qu’en plus, il s’est lancé dans l’évangélisation du Royaume de France. Royaume bouffi de malbouffe et perclus d’ignorance alimentaire.
Lignac part donc en croisade.
Lignac, c’est la Jeanne d’arc de la blanquette.
Lignac, c’est le De Gaulle du produit frais.
Pince-moi, j’hallucine la Vierge.
On a vu ça lundi soir sur M6, passablement abasourdi. Ça s’appelle «Le chef contre-attaque», un mix entre télé-réalité, reportage bidonné et programme pédagogique à vocation sanitaire.
On vous fait le tableau
Lignac, plein de jeunesse et d'empathie, débarque avec une nutritionniste dans une cité à côté de Paris. Il sonne aux portes, pas gêné.
-   Bonjour, c’est Cyril Lignac. J’enquête sur la nourriture des Français. (simplicité désarmante)
-   Raymonde, c’est Cyril Lignac!!! Celui de la télé!!! (grosse surprise)
-   Je peux rentrer?
Bien sûr, qu’il peut rentrer. Avec l’équipe de M6 avec, que le téléspectateur ne voit pas mais qui comprend, au bas mot, un cameraman, un électro, un preneur de son, une attachée de production, plus, peut-être, la maquilleuse perso du chef.
Cyril ne tarde pas à se retrouver devant le frigo ouvert des ignares de banlieue. Un désastre calorique, le frigo. Plein de pizzas sous cellophane, de frites surgelées et autre cochonneries pour micro-onde. Lignac se tripote de bouc, l’air catastrophé. Comme si tout le cholestérol du monde lui était tombé sur le moral. Mais le chef va contre attaquer.
Gare à nos (grosses) fesses.
Après ça, il trouve deux autres familles mabouffantes. Puis il organise un cours de cuisine pour les brebis égarées. Menu: un poulet basquaise à la cocotte-minute. Le poulet avec les légumes, et pouf, dans la cocotte. Je te dis pas le bon poulet basquaise. Berk.
Parmi les élèves, y’en a une qui croit savoir cuisiner. Une forte tête. On va la dompter. Lignac te la convoque dans les cuisines de son resto. La fait bosser comme une folle. Elle massacre une sole. Elle craque. Elle pleure. Matée, la rebelle. Sacré Lignac.
Après ça, Lignac amène un couple à la découverte des merveilles de la Nature sur un marché. Lignac, il aime ça, les produits. Surtout les produits dérivés. Le couple, pas gros, pas con, pas moche, se fout juste royalement de la cuisine. Pourquoi pas? Mais Lignac a une mission divine, comme le boy-scout qui fait traverser la rue à une mémé qui ne veut pas traverser. Il invite même les jeunes à manger chez lui. Il a trois restos. Mais, à l’heure du lunch, il catéchise les mécréants à la maison. Formidable.
Après ça, on se retrouve dans une famille où le type déteste les légumes. Son épouse est énorme. Lui, il ne veut manger que des pâtes. Ah, l’impie. Lignac va le remettre dans le droit chemin. Voilà le légumophobe forcé d’avaler un tian et des endives. Il grimace, le pauvre. «C’est bon, non?», hulule Lignac.
On vous passe les stratagèmes de notre sympathique héros, les repentirs et révélations des estomacs dévoyés, les rires, les larmes et tout ça.
Parce que toute les bonnes choses ont une fin (sauf  le saucisson qui en a deux), on a éteint la téloche avant terme, vaguement nauséeux, pour aller lire Kierkegaard en braille au plumard.
En rêvant d’une bonne pizza surgelée.


Lignac et M6 nous prendraient-ils pour des nouilles?

Tchou!