Burkina Faso 3/3 - Mission Novembre 2007

Publié le 03 août 2008 par Grainesdejoie

Samedi 10 Novembre 2007, Ouagadougou – Guimtemga et Mougnissin

On a du s’endormir vers 5h du matin. Le réveil à 7h été douloureux une fois de plus mais une bonne douche froide remet les idées en place ! Nous partons tous en direction de Guigmtenga et Mougnissin dans l’écolefinancée par «  Graines de Joie » et « Toega ». C’est l’école dont j’ai parlé hier, l’école du village dont vient Achille. On est arrivés dans un de ces villages qui appartiennent au passé, un de ces villages qui ne mentent pas comme nos grandes villes. Un de ces villages où la vérité vous saisit à la gorge comme la misère saisit les pauvres gens. Ici tout est vrai, le puit sacré et béni, source de vie, les rides des vieillards assis sous l’arbre, source d’ombre et de sagesse. Ne dit-on- pas ici que lorsqu’un ancien meurt c’est une bibliothèque qui brûle ? Le sourire des enfants est aussi vrai que leur envie d’apprendre, aussi timide que leur peur ancestrale de la couleur blanche de nos peaux trop pâles. Ce sourire à peine esquissé devient éclatant dès lors qu’on les apprivoise en leur apprenant une nouvelle façon de saluer. Le langage des mains devient alors un jeu d’enfant qui fait tomber leurs dernières peurs et ils redeviennent ce qu’ils sont, des enfants sans peur ni préjugés de l’autre et ce qu’il soit blanc ou noir. Ils sont entre environs 300. Ils se sont tous « faits beaux » pour l’occasion.

Les grands, les adultes, ceux qui ont le sens des responsabilités et qui ont perdu cette insouciance si pure, sont eux aussi sur leur 31. Ils nous font honneur. D’ailleurs pour l’occasion une paillote a été dressée afin de protéger nos peaux couleur d’écume. On nous protège d’un soleil assassin et les discours peuvent commencer. C’est un peu long comme cérémonie mais c’est aussi extrêmement important ici. C’est une façon de montrer que l’on respecte l’autre. Pendant ce temps je circule au purgatoire. Ici ou ne vous laissera pas oublier la vraie face de la vie, la vraie vie de l’enfance en Afrique, celle qui fait que sans aide extérieure ces enfants n’auraient pas l’occasion d’apprendre à lire ni à écrire, n’auraient pas la chance de rêver à mieux que la moisson du mil dont les récoltes aléatoires nourrissent les trois quart de la population. Les rêves s’arrêteraient au bout de la piste, au pied de ce baobab géant et centenaire, au milieu d’un champ brûlé par un soleil mesquin et une eau absente. Alors ce purgatoire se transforme petit à petit en paradis lorsqu’on découvre que dans le nouveau cartable il y a aussi une ardoise, des cahiers et des stylos. L’enfant ne perçoit probablement pas tout ce que cela signifie car il est encore innocent et bien loin de ces considérations. Pour lui aujourd’hui c’est « Noël », on vient de lui faire un beau cadeau. Il ne sait pas que ce cadeau pourra lui offrir une vie meilleure. Moi je le sais, le souhaite, l’espère et j’absorbe toute l’énergie qu’ils me font parvenir malgré eux à travers leur sourire.

Entre deux prises de vue je m’approche du puit. Autrefois les enfants devaient parcourir 10 kilomètres pour aller chercher de l’eau. J’aurais aimé être là le jour où ce puit a été construit. J’aurais aimé saisir les éclats de joie lorsque le tuyau a accouché de sa première goutte après une conception interminable. Le bonheur qu’il a du régner ici à cet instant précis aurait, je crois, chassé pour toujours la tristesse de mon corps. Rien qu’en imaginant l’image je sens une vague de joie gonfler ma poitrine. Elle a du être magnifique cette journée.

Je me promène parmis tous ces enfants avec ce sentiment de solitude un peu mystique qui m’envahit toujours lorsqu’un tel bonheur s’immisce en moi. Quand ce bonheur s’inscrit dans mes veines je peux suivre son cheminement entre mon cœur et mon âme et j’ai alors la certitude que oui, nous sommes bien composés d’une enveloppe charnelle et d’une âme. Je me sens connectée à quelque chose de plus grand, comme une vérité universelle.

Une fois la cérémonie terminée nous sommes invités à rentrer dans une classe pour partager un plat et une boisson avec les responsables du village, mais je préfère m’éloigner pour profiter encore un peu de mon bonheur. Je m’approche du vieil arbre au pied duquel sont assis les anciens. Ces anciens aux visages aussi noueux que le tronc m’invitent à boire quelque chose que je ne connais pas. Ne connaissant pas le protocole et ne voulant pas les offenser je m’assois vidéo en main. J’espère ne pas les choquer car je ne sais pas si j’ai le droit de m’asseoir avec eux. Visiblement ils ne s’en formalisent pas et se payent une bonne rigoladealors qu’ils me tendent ce que je découvrirais plus tard être du dolo, de la bière locale fabriquée à base de mil rouge. Ils ne parlent pas le français mais ça n’a aucune importance je dirais même que ça rend l’instant encore plus magique. Les gens aiment bien quand on les filme se voir ensuite et je tend alors à celui qui me semble être le chef du village puisque assis au milieu la vidéo pour qu’il me filme en train de boire le dolo. Les rires fusent. Ca n’est pas mauvais du tout. Le cercle s’est rétréci car les curieux sont nombreux. Pendant que nous buvons 3 hommes dansent en costumes traditionnels sur une musique rythmée par les djembés et une flûte. Pour les faire rigoler 5 minutes je leur demande de m’apprendre à danser et ils sautent de joie mais pour bien faire les choses je réclame un costume traditionnel. 3 personnes s’affairent à m’accrocher les liens qui soutiennent une espèce de jupe et une ceinture à grelots et je rentre dans la danse. Peu importe le mouvement exact le principal étant de les faire rire. Je danse pendant un moment sous cette chaleur écrasante et me demande comment font les autres danseurs pour ne pas s’écrouler. Ils dansent depuis un long moment maintenant et leurs visages ruissellent. Les habitants sont ravis et moi je suis contente de les avoir un peu sortis de leur routine. Je ressors assoiffée mais heureuse.

Il et temps de « demander notre route » c’est à dire de partir. Cette expression est utilisée par les hôtes pour signifier aux invités qu’ils sont priés de partir. Nous remontons donc dans notre minibus. Sur le chemin du retour les larmes ont envahi ma gorge alors que nous roulions entre des champs arides. Une superbe chanson à la signification inconnue faisait rouler ses R sur les branches fantasmagoriques des baobabs et la chair de poule m’envahie…

Nous sommes rentrés « à la maison » et les autres sont repartis après une bonne douche chercher les enfants de Kamzaka pour inaugurer leterrain et poser la première pierre du nouveau centre qui pourra accueillir 60 garçons. Visiblement ça a été un succès. Les enfants de Kamzaka s’étant parés pour l’occasion d’un t-shirt jaune et d’une casquette. Ils ont tous apprécié ce moment de détente en plein air sur leur prochain lieu de vie. Les enfants du village voisin se sont joins à la fête. Ca a été un moment très fort en émotion pour Maya, Paolo, Laurent et tous ceux qui travaillent depuis longtemps à la réalisation de ce projet.

Note de Maya : «Un grand fou rire quand avec le président d’ « Enfance en péril Burkina » nous avons manipulé la truelle pour faire les apprentis-maçons ! Les membres de l’équipe ont bavardé et fait connaissance avec des jeunes des environs. Il y aura certainement des choses à faire pour les aider eux aussi ».

 

En ce qui me concerne j’ai passé un moment à discuter avec Jeanne Marie. Jeanne a été abandonnée. C’est une enfant de HOME KISITO. Elle a 26 ans et attend son 3ème enfant. Elle est un peu inquiète car elle a plusieurs jours de retard mais heureusement elle sent toujours son enfant bouger dans son ventre. Je n’ai pas osé poser trop de questions en ce qui concernait le père de cet enfant. Je ne crois pas que ce soit le même que celui des ses 2 premiers. Elle m’a rejointe dans ma chambre pour me montrer son album de photos. C’était un moment très privilégié car le fait d’être toujours en groupe réduit considérablement la proximité entre 2 êtres. L’effet de masse annihilant l’intimité. J’ai profité du reste de l’après midi pour taper mon carnet de route car il y a tant de choses à dire que j’ai peur d’en oublier la moitié et ç’est trop important pour moi de pouvoir partager cette expérience avec un maximum de gens. Si ces écrits peuvent animer les cœurs à devenir meilleurs alors je veux tenter le coup car chaque action est une action bénéfique et ce aussi petite soit elle.

Au retour du groupe je pars avec Christophe prendre un verre dans un café local à deux pas de la maison. Nous allons nous échouer au « stade de France Plus » … le « plus » étant important puisqu’il est arrivé à la suite de travaux d’amélioration.Nous restons un bon moment assis là à profiter de la douceur de l’air, de l’activité, du passage. J’aime voyager comme ça, j’aime m’échouer dans un endroit quelconque et remplir mes yeux et mon cœur de tout ce qui entoure mon être. Je pourrais rester des heures à contempler les gens vivre et évoluer. Où vont-ils ? Que font-ils. Sont-ils heureux ? Quelle est leur vie ? Et cet enfant des rues qui passe avec son panier de bananes sur la tête … qu’en est il de sa vie ? Pourquoi lui ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi ai je eu cette chance de naître du bon côté de la frontière ? Chaque visage, chaque geste se grave au fond de mon âme. J’aime ces gens, tous, sans exception.

Nous rentrons pour aller dîner à « l’eau vive » avec le reste du groupe. Demain nous embarquerons Flore et Alice dans notre voyage intérieur afin de leur faire partager ces instants.

Dimanche 11 Novembre 2007, Ouagadougou

Le soir je pars prendre un verre à notre QG avec Christophe Alice et Maxime. Maxime nous raconte qu’il y a 2 mois sont fils Parfait a failli mourir de la Typhoïde. Les africains ont une façon de raconter les choses impressionnante. J’étais littéralement captivée par son récit. La chair de poule a couvert mes bras et les larmes me sont montées aux yeux. La manière si simple de raconter l’impuissance face à la maladie tout cela parce que l’accès aux soins reste un privilège me font hurler à l’intérieur. Les médecins avaient d’abords diagnostiqué une crise de Paludisme. Maxime avait alors mis dans sa poche les 65.000 CFA qui constituaient toute sa fortune pour emmener son fils au dispensaire. Les différentes consultations et médicaments lui amputant les ¾ de ses économies il n’avait alors plus d’argent pour payer les nouveaux médicaments lorsque finalement les médecins ont diagnostiqué une fièvre typhoïde. Ne pouvant plus rien faire il prit son enfant pour le ramener chez lui afin qu’il meure au sein de sa famille. C’est la générosité d’une inconnue et des gens de son quartier qui lui ont permis d’acheter le deuxième médicament. Finalement après une longue agonie le petit s’est remis sur pied et il est aujourd’hui en pleine forme. Cette leçon me conforte dans l’idée que le prochain qui se plaint de l’euro forfaitaire obligatoire en France va passer un sale quart d’heure.

Lundi 12 Novembre 2007, Ouagadougou

Il doit bien exister une expression en burkinabé qui veut dire « j’ai vu le soleil se lever », une expression bien a eux, simple, imagée presque enfantine et pourtant si concise. Le réveil m’a sorti d’un sommeil profond à 8h30. J’aurais bien aimé prendre une douche mais il n’y a une fois de plus pas d’eau. Je pars avec Alice, Christophe et Maxime à l’aéroport pour essayer de récupérer nos passeports. Nous arrivons pour nous entendre dire qu’il faut repasser à partir de 15h car le matin n’est pas le bon créneau. Je fais du charme, supplie mais ça ne marche pas … sauf quand on se résigne et tourne le dos. Là le policier nous interpelle. C’est bon, je vais vous les donner … mais c’est exceptionnel ! OUF ! Je n’avais pas vraiment envie de revenir cet aprèm. Nous allons ensuite faire un tour au marché pour trouver du scotch pour les cartons et une cassette. De retour à 10h, Maxime part avec tout le monde au centre d’artisanat CIAO. En ce qui me concerne je reste avec Christophe pour filmer et prendre des clichés des jeunes filles du centre dans les différents ateliers. Sœur Marie nous autorise à filmer le tout tranquillement. Je crois que la présence d’une fille est bénéfique car elle rassure non seulement la sœur mais aussi les jeunes filles. Le contact est plus facile. Nous les filmons donc entrain de fabriquer des savons, de broder, de confectionner des sacs, faire du crochet et tricoter des vêtements pour les nourrissons. On rigole bien. La moins farouche s’essaye à la photographie et ose nous parler de son parcours. Elle a accouché il y a 2 semaines. Cela fait vraiment plaisir de voir que ces femmes, dans leur difficulté gardent le sourire. On les sent heureuses malgré tout.

Je pars déjeuner de l’autre côté de la rue après une bonne sieste car je meurs de faim et les autres ne sont pas rentrés. Le reste de l’après midi se passe tranquillement. Brigitte la belle sœur de Maxime vient nous chercher avec Christophe pour aller chez lui. En effet il nous a convié à rendre visite à sa femme Adèle, enceinte de leur troisième enfant. Il a déjà 2 garçons, Parfait et Kevin. Ici au Burkina les parents ne choisissent pas le prénom de leur enfant avant la naissance. Ca porte un peu malheur. On ne sait jamais. Nous partons ce soir. Elle devrait accoucher le 26 mais nous avons parié pour le 29. D’ailleurs Maxime à jouer 200 CFA sur le 29 hier et il en a gagné 500 … c’est de bon augure !

Une partie du groupe part en visite culturelle (la cathédrale, le marché du soir). Je reste tranquille à taper mon journal. Le soir nous dînons au foyer. Les sœurs sous ont préparé un festin (poulet coco) et chacun se prépare tranquillement à son rythme.

Nous quittons le foyer à 21H pour arriver un peu plus tard à l’aéroport. Heureusement le voyage s’est très bien passé. L’enregistrement a étéfluide. Nous avons pu dire au revoir tranquillement à Maxime, Souleymane, Achille et Marius. J’ai été très touchée car Maxime m’a offert un CD de musique Burkinabé. Ca m’a bien évidemment fait pleurer. Mais je n’ai jamais eu honte de mes larmes car elles sont le reflet de mon âme. Le vol a été parfait et l’arrivée à Roissy s’est passée dans les meilleures conditions. Le passage à la douane a été fluide ce qui nous a permis de tous embarquer sur le vol pour Marseille de 7h15. Paolo a souffert le martyre à cause de ses oreilles, il a une inflammation du tympan. J’ai eu vraiment de la peine pour lui. A l’arrivée à Marseille nous avons entreposé les divers cartons dans le local de « graines de joie » car nous avons ramené des objets d’artisanat et des produits au karité pour les vendre sur un stand au marché de Noël de Carnoux qui se tiendra les 24 et 25 Novembre. L’année dernière ce marché a rapporté des bénéfice qui ont permis l’achat des kit cartables et autres fournitures scolaires pour les enfants du Burkina et de Roumanie. J’ai quitté avec un gros poids au cœur tout ce petit monde. Sylvie a eu la gentillesse de me ramener à la maison. J’ai hyper mal au dos.

FIN

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Article paru dans le journal « LA VIE A KISITO » édition août 2007

A travers cet entretien qu ‘elle a bien voulu accorder à Kisito Infos, la directrice Générale de CARMEN KISITO, la sœur Marie Ouedraogo permet à nos lecteurs de s’imprégner d’avantage d’une des activités menée au sein du centre, l’activité « accueil-réinsertion-écoute »

Kisito Infos (KI) : Bonjour ma sœur, voulez vous vous présenter pour les lecteurs de KI

Bonjour. Je suis Sœur Marie Ouedraogo (SMO), de la congrégation des sœurs de l’Immaculée Conception (SIC) de Ouagadougou. Je suis sociologue de formation et assure actuellement la direction générale du CK

KI : Ma sœur, parlez nous de façon sommaire de l’institution que vous dirigez

CK est un centre d’accueil et de réinsertion de la mère et de l’enfant. C’est une structure à caractère social et humanitaire qui a pour objectif d’assurer l’accueil, l’écoute, la réinsertion sociale et familiale ainsi que le suivi des jeunes filles mères en difficulté. Il a pour but d’aider ces jeunes filles mères à sortir durablement de la situation dans laquelle elles se trouvent en vue d’un meilleur épanouissement.

KI : Quelles sont les activités menées au centre ?

Au CK il y a 3 activités principales :

- l’accueil-écoute-réinsertion assurée par le service social, au profit des personnes traversant une situation difficile ou d’exclusion avec leur milieu d’origine

- l’école maternelle qui se charge de donner une éducation de qualité aux enfants de 3 à 6ans

- la crèche qui assure l’accueil, la garde et l’éveil psychomoteur des enfants de 0 à 3 ans.

KI : Nous nous intéressons plus particulièrement à l’activité « accueil-écoute-réinsertion » du centre. Pouvez vous nous éclairer d’avantage sur cette activité et sur son public cible ?

Les personnes en difficulté pour qui le centre travaille y arrivent sans rendez vous préalable. Elles sont accueillies par le service social du centre qui prend le temps de les écouter, de comprendre le problème qui les amène. Comme son nom l’indique, l’activité dont nous parlons comporte plusieurs étapes successives, toutes assurées par le service social.

-   L’accueil consiste à recevoir la personne qui nous vient, sans préjugé aucun et avec le maximum de considération et de respect, toute chose qui prédispose le visiteur à une communication et un échange franc sur sa situation. LA phase d’accueil est très importante dans notre travail car elle détermine l’interlocuteur à collaborer pour la recherche de la solution à son problème. C’est pourquoi la personne qui accueille doit s’oublier elle-même, s’ouvrir à la personne qu’elle veut aider et éviter de la juger sur l’apparence

-   L’écoute correspond à la collecte de toutes informations relatives à la situation qui prévaut. L’agent du service social prend son temps pour avoir toutes les informations liées à la situation de la personne en écoutant l’intéressée, sa famille, son conjoint, ses proches, le présumé auteur de la grossesse pour les filles rejetées pour cause de grossesse. Pour être efficace, la personne qui écoute doit suivre le rythme de la personne en difficulté en prenant en compte ses temps de silence, ses hésitations et même ses pleurs. Il faut démontrer de l’attention, de l’intéressement, de l’affection à l’égard de la personne que l’on veut aider afin qu’elle dévoile tous les cas de figure qui entourent son problème.

-   La réinsertion, aboutissement logique des actions précédentes consiste à mener des démarches pour un retour de la jeune fille mère dans sa famille ou chez son conjoint. La phase de réinsertion est entamée dès l’accueil et se fait aussi bien pour les filles mères gardées en internat tout comme pour les personnes suivies en milieu ouvert, c’est à dire les non hébergées au centre. La durée de la réinsertion est en fonction des cas et de la volonté à collaborer des différentes personnes impliquées.

KI : Les jeunes filles en difficulté qui arrivent le font-elles de leur propre initiative ou sont elles orientées ?

CK accueille en internat les jeunes filles mères qui sont dans la rue et qui n’ont personne chez qui aller. Généralement elles sont soit enceintes, soit avec un enfant, ou en situation d’urgence (malade, traumatisée, souvent en travail) ; Parmi les filles que nous recevons au centre, il y en a qui arrivent d’elles-mêmes parce qu’elles ont entendu parler du centre, certaines arrivent par le biais des services sociaux des arrondissements ou de la direction régionale de l’action sociale. D’autres encore arrivent par l’intermédiaire de la maternité de Sainte Camille ou sont référées par le Home Kisito.

Le centre reçoit aussi pour écoute et accompagnement des personnes externes. Parmi ce public on rencontre des femmes et même des hommes mariés qui traversent des situations difficiles avec leur conjoint, on rencontre des jeunes qui ont des problèmes avec leurs familles, sans oublier les jeunes files qui sont menacées d’exclusion de la famille pour cause de grossesse. Nous nous mettons à l’écoute de toutes ces personnes et avec chacune d’elle nous cherchons ensemble la solution au problème posé.

KI : Comment se fait l’écoute pour les personnes externes ?

Pour les personnes non hébergées au centre, lors de l’accueil, on prend tous les renseignements sur la localisation de la famille ou des parents en vue des éventuels visites à domicile. Les séances d’écoute se font habituellement au centre. Mais pour certains cas et quand le déplacement devient une nécessité, l’écoute peut se faire à domicile ou encore dans un autre lieu présentant des chances de réussite de la médiation. C’est selon les situations. En cas de besoin de confrontation, le centre est mieux indiqué pour l’écoute, surtout quand les parties à entendre ne vivent pas ensemble.

KI : Depuis 2006 que votre centre est fonctionnel, pouvez vousnous dire en terme de chiffré le volume de travail que vous avez abattu en accueil-écoute-réinsertion ?

Depuis le début des activités au centre en 2006 nous avons hébergé 55 jeunes filles mères dont 44 en 2006 et 11 de janvier 2007 à ce jour 20/04/2007. Au cours de l’année 2006 nous avons réussi à réinsérer 35 jeunes filles mères dans leurs familles paternelles ou conjugales. Le nombre de cas accueillis pour l’écoute est de 157. A l’externe nous avons pu résoudre 77 cas. Pour arriver à ce résultat qui n’est que partiel, nous avons été amenés à effectuer des visites à domicile et dont le nombre s’élève à 329 pour la même période.

KI : De quel personnel disposez vous pour l’accueil-écoute-réinsertion ?

Nous ne disposons que d’un éducateur social pour cette activité. Bien sûr moi-même j’interviens également.

KI : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre noble mission ?

Les difficultés sont multiples et de divers ordres. Nous pouvons vous énumérer quelques cas

-   le personnel est insuffisant et avec le seul agent, nous sommes souvent débordés face aux cas de plus en plus nombreux qui nous sont exposés. Ceci est une preuve aussi que le centre est connu et que nos efforts sont utiles.

-   Le désir de certaines filles d’être hébergées, ce qui les pousse souvent à dramatiser leur situation ou même à livrer des fausses informations sur les cas, toute chose qui complique et retarde la résolution de leurproblème

-   Le refus systématique des présumés auteurs des grossesses que portent certaines filles et le manque de collaboration de certains parents.

-   La gestion de la cohabitation des filles mères hébergées. Provenant d’horizons divers, chacune arrive avec son caractère, ses caprices, ses mauvaises habitudes le plus souvent acquises dans la rue.

-   Le manque de ressources financières pour le fonctionnement, surtout que certaines filles arrivent dans un dénuement indescriptible. Il faut retenir que les filles gardées en internat sont prises totalement en charge sur tous les plans (alimentaire, sanitaire, vestimentaire, hygiénique, accompagnement psycho, affectif etc …) durant leur séjour au centre

KI : D’où proviennent alors vos financements pour votre fonctionnement ?

Le centre tire ses ressources propres de l’école maternelle et de la crèche (école privée payante). En outre, nous bénéficions d’aides et bienfaiteurs étrangers et de bonnes volontés sur le plan national. Ces aides sont financières ou en nature. Je saisis l’occasion pour dire un grand merci à tous ces donateurs pour leur soutien multiforme.

Pour une plus grande autonomie financière, le CK veut initier d’autres activités génératrices de revenus par l’ouverture :

-   d’un télécentre – secrétariat

-   d’une boutique

-   d’un restaurant – buvette

-   d’un dépôt pharmaceutique

Pour tous ces projets nous comptons sur les contributions des bonnes volontés qui soutiennent la lutte contre les souffrances multiformes de la jeune fille mère et de l’enfance en détresse.

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Pour plus de renseignements sur la fondation KISITO vous pouvez lire l’article suivant : http://www.fasopresse.net/article.php3?id_article=6632

Ou aller directement sur leur site :

www.associationkisito.org

Pour plus de renseignements sur l’association GRAINES DE JOIE :

www.grainesdejoie.eu

QUELQUES MOTS DE VOCABULAIRE ET EXPRESSIONS EN MOORE:

Neiveko : bonjour

Waka : viens ici

Waïka : venez ici

Manmansougouri : pardon

Barka : merci

Caciké Baraké : de rien

Sékamé : je suis rassasiée

Ayo : non

Ndié : oui

Sa am : c est fini

Yawana : c’est combien (ce truc la)

Yawanawana : c’est combien (en général)

Bourga liggida : diminue le prix

A liggidi yatoogo : c’est trop cher

Wen Aloké : bon marché

Liggidi sam : je n’ai plus d’argent

Buinga : pourquoi

Yaleswoto : attends !

Fonamasedamame : tu me fatigues

Fo : toi

Yika : sors d’ici

Tou. Ogo : juron quand on se fait mal

GouéméTaarMaam : J’ai sommeil

Gouénamganalafi : bonne nuit

Zabre : Bagarre

Mampoukapiteme : mon ventre est plein

Iiénogo : c’était bon

Adigoloufouneplate : je n’aime pas les gâteaux secs

Fo ya mi songo : tu es gentil

Dolo : bière locale

Raam : alcool

Chacun va rentrer pour se réveiller

J’entends l’odeur

La fatigue m’a jeté par terre

On va demander la route