Revue Passage d'encres, "Poésie numérique" (une lecture d'Alain Helissen)

Par Florence Trocmé

Face aux multiples possibilités offertes par l’ordinateur, la poésie ne pouvait que s’en accaparer pour espérer y trouver de nouvelles formes à son art. Sous l’appellation poésie : numérique, la présente livraison de Passage d’encres se propose de dresser un premier état de ces nouvelles expérimentations poétiques. À l’initiative d’Alexandre Gherban et Louis-Michel de Vaulchier, une dizaine de poètes et de chercheurs-universitaires se sont réunis mensuellement dans un atelier à Malakoff. De ces rencontres est né le séminaire poésie : numérique. Christiane Tricoit a laissé carte blanche aux deux initiateurs cités plus avant pour réunir un dossier constituant l’intégralité de ce numéro. Soucieux de ne pas verser dans un langage trop « rébarbatif » qui s’adresserait à un seul public « d’initiés », Alexandre Gherban et Louis-Michel de Vaulchier ont sélectionné 27 questions interrogeant de manière assez « basique » les aspects de la poésie numérique. Cela commence par une tentative de définition : en 2 mots, la poésie numérique c’est quoi ? Réponse d’Alexandre Gherban : c’est la poésie qui utilise l’ordinateur pour créer des œuvres de poésie spécifiquement ; des œuvres que l’on ne peut pas créer par d’autres moyens. Pour Philippe Boisnard, il y a des poésies numériques, toutes distinctes et non assimilables à un seul courant. Question N°7 : la poésie numérique est-elle de la poésie ? Un poème numérique n’est pas fait pour être lu, avance Philippe Castellin, artiste invité de ce numéro qui évoque plutôt un « flux , un processus ». Pour compléter ces approches en 27 questions, une dernière partie propose quelques textes théoriques. Toutes les pages de la partie « questionnaire » sont traversées d’une bande visuelle présentant des « captures d’écran » qui illustrent les potentialités de la poésie numérique. Les mots parfois y sont absents. Des images sans le moindre mot, ni même la moindre lettre, est-ce de la poésie ? Ce dossier suscite bien d’autres interrogations. Il a le mérite, en tout cas, de s’intéresser à un territoire poétique spécifique qui allie homme et machine dans des créations encore balbutiantes ou déconcertantes mais qui pourraient bien offrir de réelles perspectives à la création poétique. Quelques aperçus des travaux de Philippe Bootz, Tibor Papp ou Philippe Castelin en témoignent.

Contribution d’Alain Helissen

Passage d’encres, N° 33 : « poésie : numérique »