Ci-gît l'armoise, d'Alice Massénat (une lecture de François Rannou)

Par Florence Trocmé

Après Le Catafalque aux miroirs (Apogée, 2005), Alice Massénat, trop discrète, nous propose un livre saisissant. L’énergie développée à l’intérieur de chaque poème crée un mouvement continu qui s’amplifie. Rebelle à toute assise du poème, Alice Massénat bouleverse rythmes, images et registres de langue par nécessité : la nudité intérieure du monde la traverse comme la grille de chair d’Artaud, la révolte s’offre à nous comme un don, fulgurant poème d’Amour — dédié à quelques-uns, mais à l’Autre qui toujours signifie le manque, l’inadéquation, relance la révolte profonde du corps-mots-gestes. L’armoise, autre nom de l’absinthe, mais qui rappelle aussi l’herbe chère à Aïgui, pousse dans les décombres, sur les voies ferrées, au bord des routes…sauvage sans renoncement, si le poème l’arrache, c’est pour ensemencer le temps mort du réel qu’il faut revitaliser !
Il faut saluer cette édition soignée, à la belle maquette. Au catalogue de cette toute jeune maison, on peut lire Pierre Peuchmaurd, Éric Ferrari et Laurent Albarracin.

Contribution de François Rannou

Alice Massénat
Ci-gît l’armoise
Editions Simili Sky (Véronique Loret, 9, rue Garibaldi, 93400 Saint-Ouen)

sur le Catafalque aux miroirs