Un bathyscaphe a planté jeudi au fond de l’océan Arctique, à la verticale du pôle Nord, un drapeau russe en titane inoxydable symbolisant les revendications de Moscou sur cette zone qui pourrait receler d’importantes réserves de gaz et de pétrole inexploitées.
Le drapeau a été fixé sur le fond marin par un bras mécanique, à 4.261 mètres de profondeur, a déclaré à bord d’un navire auxiliaire Vladimir Strougatski, vice-président de l’Association russe d’exploration polaire, cité par l’agence Itar-Tass.
La Russie cherche à étendre jusqu’au pôle Nord la partie de l’Arctique sous son contrôle.
Le Canada a tourné en dérision l’expédition de Moscou.
“Nous ne sommes pas au XVe siècle. Vous ne pouvez pas parcourir le monde, planter des drapeaux et dire: ‘Nous revendiquons ce territoire’”, a déclaré le ministre canadien des Affaires étrangères, Peter MacKay, à la télévision CTV.
En vertu de la législation internationale, les cinq Etats contrôlant des territoires dans le Cercle arctique - Canada, Norvège, Russie, Etats-Unis et Danemark, qui contrôle le Groënland - jouissent d’une zone économique de 320 km au nord de leurs côtes.
La Russie revendique le contrôle d’une zone plus large allant jusqu’au pôle parce que, selon Moscou, le fond marin arctique et la Sibérie forment un unique plateau continental.
“Ensuite, la Russie pourra justifier ses revendications sur plus d’un million de km2 du plateau océanique”, a déclaré un présentateur du journal de la chaîne d’Etat russe Vesti-24, qui a ouvert sur cette information.
Washington a indiqué ne pas considérer l’installation de ce drapeau comme une revendication légitime de propriété.
“Je ne sais pas si ils ont installé un drapeau en métal, un drapeau en caoutchouc ou bien un drap de lit au fond de l’océan. Dans tous les cas, ça n’a pas de fondement légal, ni d’effet sur leur revendication”, a déclaré Tom Casey, l’un des porte-parole du département d’Etat américain.
Le reste de l’expédition, à bord d’un navire de soutien voguant entre les plaques de glace géantes de l’Arctique, a applaudi à tout rompre quand la nouvelle a été annoncée.
“Il y a des graviers jaunâtres par ici. On ne voit aucune créature des profondeurs”, a ajouté Tchilingarov, 67 ans, explorateur de longue date dans la région et député d’un parti pro-Kremlin.
Les responsables de l’expédition avaient indiqué auparavant que leur principale préoccupation portait sur le retour à la surface des submersibles, qui devra se faire au même endroit que la plongée, les bathyscaphes n’étant pas assez puissants pour percer l’épaisse banquise du pôle Nord.
L’un des objectifs de l’expédition est de permettre aux océanographes d’étudier le fond marin et de prouver que la Russie et le pôle Nord font partie de la même plate-forme continentale.
“Le but de cet expédition n’est pas de formuler une revendication russe mais de montrer que notre plateau continental atteint le pôle Nord”, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse à Manille.
Le bathyscaphe Mir-1 a atteint le fond à 08h08 GMT. Un deuxième submersible russe piloté par l’homme d’affaires suédois Frederik Paulsen et l’aventurier australien Mike McDowell a atteint le fond 27 minutes plus tard, à une profondeur de 4.302 m.
Des submersibles nucléaires soviétiques et américains avaient déjà fréquemment circulé sous la calotte polaire mais aucun n’a atteint le fond marin sous le pôle, à plus de 4.000 m de profondeur. (Reuters)