Les services à la personne, l’arme anti-crise ?

Publié le 04 décembre 2008 par Delits

L’emploi après la finance et l’immobilier…Vous avez dit crise ?

41 300 en août, 8 000 en septembre et 46 900 nouveaux demandeurs d’emplois en octobre…La situation est inquiétante d’autant que 2009 sera « horrible », « atroce », « très dure » ou « éprouvante » selon les quotidiens. L’étude publiée par l’Ifop pour Concours Passerelle témoigne de ce moment de tension car elle révèle qu’une majorité des DRH interrogés pensent que la crise va impacter le recrutement au sein de leur entreprise (53%).

En effet, l’optimisme des chefs d’entreprise vient d’atteindre son plus bas niveau depuis 1993 à 80 points (rapport Insee octobre 2008). Le pessimisme que reflète ce chiffre permet sans doute d’expliquer pourquoi 74% des Français pensent que le taux d’activité va se détériorer alors qu’ils étaient 68% à le penser en septembre, toujours selon l’Insee.

La crise, une opportunité réelle pour valoriser les services à la personne…

Le Plan de cohésion sociale mis en place par Jean Louis Borloo en 2005 a eu beau labourer les régions de France pour favoriser l’émergence de nouveaux terrains d’emplois, les jeunes pousses sont rares. Après décompte officiel, Laurent Wauquiez en a dégoté deux : les emplois verts et les services à la personne. L’aide à domicile (36%), le soutien scolaire (23%) l’assistance médicale et paramédicale, le dépannage informatique (23%) et la prise en charge des personnes dépendantes comptent parmi les principaux rameaux de cette nouvelle branche dynamique de notre économie (Crocis 2008).

L’objectif de 500 000 emplois sur trois ans ne sera vraisemblablement pas atteint mais avec plus de 100 000 créations par an, ce secteur est appelé à jouer un rôle primordial dans les années à venir et représente une véritable bouée de sauvetage en ce moment. En 2007, 1 emploi sur 3 a vu le jour sous l’auspice de l’Agence Nationale des Services à la Personne, l’institution dirigée par L. Hénart, un des héritiers du « Borloo » version cohésion sociale.

Avant le « Plan Emploi 1 », les ménages français étaient 70% (Ifop / APCE 2005) à affirmer avoir recours à un employé pour les aider dans leurs tâches domestiques tandis que l’Insee n’en recense « que » 1 sur 10. Plus précisément, 45% des parents d’enfants de moins de 14 ans déclarent faire appel à un tiers pour s’en occuper après l’école (TNS Sofres pour O2). Le décalage entre la réalité mesurée par l’Insee et l’opinion témoigne d’un intérêt grandissant pour cette activité et les formidables opportunités qui peuvent voir le jour.

…Dans un contexte où les transformations structurelles et culturelles de nos sociétés exigent une offre de services variée, croissante et de qualité.

L’augmentation de l’espérance de vie, l’urbanisation croissante, le travail féminin, l’éclatement de la cellule familiale et les évolutions culturelles de nos sociétés (nouvel hédonisme, culture du bien-être) ont contribué aux développements des services aux particuliers. L’entraide familiale se métamorphose en France ce qui offre de véritables opportunités aux 13 000 structures et associations accréditées par l’ANSP. En effet, seuls 3% des ménages français confient leurs enfants à un membre de leur famille après l’école (TNS Sofres pour O2, 2008). On est donc passé d’une société qui pouvait compter sur la solidarité familiale à une société qui doit composer avec l’interdépendance sociétale.

Néanmoins, il reste un enjeu de taille pour que ce secteur puisse résorber en partie l’hémorragie plus globale sur le terrain de l’emploi. En effet, le caractère dégradant de certains métiers de services et la difficulté d’attirer de nouveaux éléments vers les formations adéquates expliquent pourquoi 57% des dirigeants basés en Ile de France connaissent des difficultés à recruter (Crocis 2008). Contre cet état de fait, les chefs d’entreprise répondent formation (55% la juge insuffisante) et professionnalisation (Crocis 2008). Néanmoins, les dirigeants de PME, sont 91% à estimer que leurs bénéfices vont croître dans les années à venir car le secteur est porteur et surtout que ces emplois ne pourront pas faire l’objet d’une délocalisation (Crocis 2008) ; le potentiel est bien là.

La séquence économique actuelle s’annonce compliquée, mais les modifications profondes de notre société semblent porter en elles des réponses à la crise. Face à cette dernière, face à la concurrence inégale des pays émergents, les besoins structurels des services personnalisés sont un coin de ciel bleu et sans doute un instrument indispensable pour repenser l’équilibre de notre économie.