Hunger

Par Luc24

La critique  

 La caméra d'Or 2008 est un film puissant et sensoriel

Prison de Maze, Irlande du Nord, 1981. Des hommes se battent pour qu’on leur accorde le statut de prisonnier politique. Alors que Margareth Thatcher ne faiblit pas, ils continuent le « Blanket and no wash protest ». Mais les violences subies au quotidien,la promiscuité et l’indifférence du gouvernement commencent à peser lourd. Jusqu’où devront-ils aller pour se faire reconnaître ?

Présenté cette année à Cannes dans la section Un certain regard, Hunger est un film fort, puissant. Steve Mc Queen, le réalisateur, se démarque du lot en proposant des choix très tranchés : épure des dialogues, toute puissance de l’image et du son, haute violence physique et psychologique. En plus de plans fixes de toute beauté, nous avons ainsi droit à des scènes de tortures et d’humiliation qui par moment nous rappellerait presque le Salo de Pasolini. Autant dire que les cinéphiles sadiques y trouveront leur compte. Mais les autres aussi, heureusement. Car en faisant le choix d’un naturalisme revendiqué, le réalisateur transcende son propos politique en rendant le sort de ces hommes complètement universel. C’est la chaleur et la fragilité des liens humains qui se tissent dans une cellule, la volonté de défendre ce à quoi on croit, les souvenirs d’une enfance idéalisée car si simple, la peur d’une mort prématurée.

Hunger ne dresse pas un portrait accablant des prisonniers. Au contraire, ceux-ci témoignent d’une belle dignité même dans les situations les plus cruelles et traumatisantes. De plus, Steve Mc Queen a eu la bonne idée de ne pas filmer qu’une catégorie de personnes. Ainsi suit-on également un surveillant de la prison et d’autres personnages secondaires qui enrichissent le propos. Œuvre sensorielle, brutale et cinématographiquement passionnante, Hunger est un des films majeurs de cette année et la révélation d’un cinéaste audacieux.