Pour elle

Par Rob Gordon
Est-ce qu'il est écrit quelque part dans la loi qu'Olivier Marchal doit être dorénavant présent dans tous les polars français ? Fort heureusement, dans Pour elle, il n'apparaît que le temps d'une scène, mais ça fait déjà froid dans le dos. Ceci étant dit, Pour elle est un petit film policier à peu près aussi efficace qu'il est anodin. Pour son premier film, Fred Cavayé semble hésiter sans cesse entre l'appel du grand public (bons sentiments, larmes au coin des yeux, et tutti quanti) et une envie de vrai film noir à la Corneau. Une ambivalence symbolisée par le personnage principal, père de famille et mari aimant, mais finalement capable de commettre l'insensé pour préserver l'unité familiale. C'est ce personnage, parfaitement joué par Vincent Lindon, qui constitue la grande réussite de ce film. Souvent seul à l'écran (on voit finalement assez peu Diane Kruger), il porte une sorte de filiation avec les personnages de Melville, solitaires et blessés. La comparaison s'arrête malheureusement là.
Car côté scénario, Pour elle n'innove absolument jamais, proposant la mise en place d'un plan d'évasion, avec états d'âme et faux départs comme il se doit. Autant dire que tout consommateur de polars ou tout spectateur de Prison break saison 1 se retrouve ici en terrain connu, pour ne pas dire balisé. Il est assez amusant de voir Lindon, seul dans un grand appartement vide, contempler son gigantesque mur fait de photos et d'inscriptions : on se dit que Fred Cavayé rêvait sûrement de faire pareil quand il était môme (et, c'est d'ailleurs ce que fait le fils du héros dans le film). On sent l'admiration portée par le réalisateur aux grands noms du polar, et son amour pour l'histoire de ce couple qui ne rêve que de se retrouver. C'est cette envie dévorante, cette passion rageuse, qui sauve le film. Car la dernière partie, qui passe vraiment à l'action (pas de tromperie sur la marchandise), peine à exister et à se trouver une crédibilité.
Difficile de croire à la succession de coups de bol qui aident le couple à se frayer un chemin dans une ribambelle de flics, pas plus qu'au plan faussement malin mis en place par le mari prêt à tout. Une avalanche de petits détails qui empêchent d'apprécier le sujet central de ce gentil petit divertissement : l'amour qui rend capable de tout. La prochaine fois, il faudra se montrer un peu moins scolaire (à l'image de la prestation de Diane Kruger) pour se montrer plus convaincant.
5/10