Jouer juste, François Bégaudeau

Par Antigone

  "Vous ne savez rien. Même jouer au foot, vous croyez savoir mais vous ne savez pas. Vous ne savez pas comment aimer non plus. On ne vous a rien appris. C'est maintenant que ça commence."

Avis d'Antigone : Je ne suis pas une fan de foot, mais après avoir vu François Bégaudeau en "lecture" (note de juin), j'ai eu envie de lire ses livres. J'ai toujours "Entre les murs" dans ma Pile A Lire mais j'ai commencé par celui-ci, son premier roman paru. Soyons honnête, j'ai eu un coup de coeur pour cet auteur là, qui lisait si bien Gombrowicz... "Jouer juste" est une sorte de long monologue qui alterne entre stratégie footbolistique et stratégie amoureuse. Le rythme de l'écriture suit le rythme d'une parole saccadée, apparemment influencée par l'écriture de cet auteur fétiche qu'est pour François Bégaudeau Witold Gombrowicz. J'avais l'avantage de pouvoir me souvenir du son de la voix et de la manière de lire de son auteur, de sa manière de parler également, en ponctuant ses phrases par un geste de la main... C'est un style d'écriture qui peut ne pas plaire à tout le monde. J'ai aimé.

Extrait : "J'ai dit à Julie c'est la dernière fois, elle a dit oui je te promets je ne le referai plus, j'ai dit je ne parle pas de toi je parle de moi, c'est la dernière fois que je me prends à faire ça, elle a dit ce n'est pas grave, c'est normal, j'ai dit tout le problème est là, il va falloir changer d'amour celui-là est trop moche, il va falloir travailler, elle a dit si nous nous aimons tout coule de source il n'y a pas à travailler, j'ai dit tu l'as dit l'amour est la source, il est plein de racines, il est le postulat, la donnée de base, tout sauf une invention, tout sauf une ditinction, il n'y a qu'à voir tous les imbéciles qui s'aiment, j'en vois qui rient parmi vous mais que celui qui n'a jamais aimé comme un imbécile jette le premier short, de l'amour en soi hélas il ne s'infère rien, l'amour hélas ne possède pas les clés de sa propre beauté, il doit s'adjoindre la pensée s'il veut s'épargner le déshonneur de la faute de goût."

(Tout cela en une seule phrase !)