Et si le rugby échappait à la crise ?

Publié le 08 décembre 2008 par Misterrugby

Midi Olympique du 8 décembre 2008

C’est la crise ! Quatre mots, 3 syllabes, que l’on entend un peu partout sur toutes les chaines de télévision, sur toutes les stations radio et que Midi Olympique, pourtant plus habitué à parler de double passes sautées que de risque systémique, de Dow Jones, et d’envolée du taux interbancaire, publie à la une. Je ne vais pas vous faire une leçon d’économie, premièrement parce que j’en serais bien incapable et que de toutes façons mêmes les plus grands économistes n’y comprennent plus rien. Mais si on voulait plomber le rugby professionnel avec un titre racoleur qui n’a pour effet que d’inquiéter ceux qui ont placé leurs ronds dans l’ovale on ne s’y prendrait pas d’une autre manière. La première situation face à toute crise c’est de ne jamais paniquer. De ce côté-là, le « grand jaune » à tout faux ! Il y aura des répercutions dans le rugby, c’est inévitable. Le sport professionnel vit grâce aux parraineurs, qui sont pour le général des entreprises qui cherche à communiquer. Globalement, on peut affirmer que le budget « publicité » des entreprises est le premier touché. De tout temps, pour toutes les grandes crises économiques de l’histoire, c’est la même chose : certains secteurs sont particulièrement touchés, d’autres beaucoup moins et une minorité profite même de la crise. Plutôt que de pleurnicher mieux vaut chercher des solutions parce que cette crise profitera justement à ceux qui seront l’analyser et la comprendre plus vite que les autres. Et le rugby s’il est intelligent peut en profiter, j’en suis persuadé !

Je m’explique. En effet, comme vous l’avez déjà lu plus haut les budgets « publicité » seront très sérieusement amputés. Néanmoins, et il est très important de bien le comprendre, les entreprises dans ce contexte particulièrement difficile pour la plupart d’entre elles, auront plus que jamais le besoin de communiquer. Elles chercheront donc à devenir créatives et à communiquer à moindre coût. Certaines le font déjà –pratiquement « gratuitement » sur des plates formes telles que Myspace ou Facebook ( ! ) en revanche l’audiovisuel classique (Les grandes chaînes nationales, par exemple, ont effectivement du souci à se faire). Un spot publicitaire sur l’une des six grandes chaines nationales coûte une fortune (Selon les chiffres que j’ai trouvés, une seule page en heure de grande écoute se chiffre à 13 000 euros) ; Le coût moyen pour un « spot » de 20 secondes et de 9 755 euros. La retransmission des matchs de Ligue 1 coûte, elle, 668 millions d’euros par saisonréparti entre Orange et Canal + soit 31 fois les droits du Top 14 Orange qui s’élèvent à 21 millions d’euros par saison ! Des chiffres proportionnels aux audiences fournies par Médiamétrie me direz-vous ? Absolument pas : Le match PSG – Olympique de Marseille s’est joué devant 2,4 millions de téléspectateurs, celui entre le Stade Toulousain et le Stade Français s’est déroulé devant un millions de téléspectateurs. Pas besoin d’être un expert en mathématique, une simple règle de trois suffira : le rugby est quinze fois moins cher que le foot ! Si on compare les matchs du XV de France avec celles de l’Équipe de France de foot, on se rend compte que les audiences fournies par Médiamétrie sont à peu près équivalentes entre les deux sports (le rugby étant même devant le foot pour l’année 2007, année de Coupe du Monde). Le prix des droits, lui, est radicalement différent.

Vous le voyez le rugby reste un vecteur de communication très bon marché pour les annonceurs. Les entreprises vont vouloir communiquer au moindre coût certes, mais il est encore plus important de savoir sur quoi les entreprises vont avoir le besoin de communiquer. Et pour savoir cela, il est important, encore, de bien comprendre cette crise dans laquelle nous venons de plonger. C’est la crise de la démesure, la crise de banquiers qui se sont pris pour des turfistes, d’assureurs qui se sont crus banquier, celle d’une perte de valeur, d’une perte de morale. Il n’y a pas là besoin d’être sociologue pour comprendre que c’est justement sur le retour de ces valeurs, de cette morale que les sociétés privés vont avoir le besoin de communiquer. Quoi de mieux que le rugby pour parler de valeurs, d’esprit d’équipe, decamaraderie, de retour aux sources, de fair-play ?

Il se pourrait même que les banques, par qui la crise est arrivée, soient les premières à investir massivement dans ce rugby terroirs. Il est fort probable que Pierre Yves Revol, qui vient d’être élu Président de la Ligue, ait senti venir le coup en annonçant et en répétant sans cesse combien le rugby était porteur de valeurs que l’on ne retrouve dans aucun autre sport.

En revanche, son idée de « taxer » un peu plus les clubs issus des grandes métropoles (qui en théorie devrait être moins touchés par la crise) plus que ceux des villes moyennes (plus exposés selon les dires du Président de la ligue professionnelle) à fin de rééquilibrer les dés ne me semble pas être la meilleure : Cela vaudrait peut être si les clubs « urbains » étaient plus nombreux que les clubs « ruraux », à l’image de ce qui se passe aujourd’hui dans le football. Mais dans le cas du rugby, seuls deux clubs du Top 14 appartiennent à l’une des sept grandes aires urbaines qui dépassent ou avoisinent le million d’habitants (Paris et Toulouse). C’est bien connu, trop d’impôt tue l’impôt ! Et s’il est vrai que les clubs des grandes capitales régionales peuvent être les vaches à lait de ce sport, on a tout intérêt, avant toute chose et avant de vouloir les « surtaxer », de les aider à éclore. C’est pourquoi je proposerais qu’un effort particulier soit fait sur ces sept grandes aires urbaines (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Nice etBordeaux) car répartir équitablement les richesses c’est bien, faut-il encore les avoir créées au préalable.

Alors, j’ai mérité d’avoir une colonne dans les Échos ou dans Capital, une chronique sur BFMTV ?