A la fin du premier épisode de Gears of War, le chef des armées alien fuit le commando humain dirigé par Marcus Fenix, venu l’affronter. Ce triomphe est-il un énième simulacre de “happy end”, la glorification incontournable pour un jeu de tir militaire ? Rien n’est moins sûr, car les concepteurs d’Epic ont émis l’hypothèse que l’oppresseur n’est pas tant l’alien - pensé comme un alter ego - , que l’humain incarné durant toute la partie par le joueur.
Outre l’hypotypose, caractéristique de la plupart des jeux de guerre , Gears of War 2 reprend également tous les procédés narratifs et ludiques qui ont fait la qualité du premier épisode. De la riposte à une embuscade, au pilotage d’appareils en tous genres, le joueur s’essaie à de multiples situations épiques et sanglantes, ponctuées par des scènes cinématiques. Mélange d’adresse et de stratégie, les phases de tir demeurent originales. Par rapport au premier volet, le rythme des combats est plus fluide et moins binaire : les concepteurs ont renoncé à l’omniprésence du game over, qui caractérisait le premier épisode.
Quand un chapitre du jeu propulse le joueur dans un voyage au centre de la terre, qu’un autre fait du héros un nouveau Jonas, pris dans le ventre d’un ver gigantesque, l’un des derniers niveaux est une sorte de traversée des eaux ténébreuses du Styx.
Gears of War 2 ne fait toutefois pas l’économie de certaines images résiduelles, qui parasistent le titre d’éléments scéniques assez discutables. Si la création d’Epic ne verse qu’avec parcimonie dans le sentimentalisme, contrairement à sa licence concurrente, Halo 3, certains pans de l’intrigue sont assez incongrus et détonnent avec la cohérence globale du jeu. Lors d’une visite d’un laboratoire, le jeu se perd par exemple dans les méandres du gore du survival horror, vaguement inspiré de Resident Evil. Plus profondément, la trame principale se nimbe inutilement de mystères, et de circonvolutions dramatiques censées - déjà - justifier un troisième épisode.
Laurent Checola
Crédits : Epic.