Congrès de la FPJQ: pessimisme pour le journalisme québécois

Publié le 11 décembre 2008 par Raymond Viger

Congrès de la FPJQ: pessimisme pour le journalisme québécois

Robin Drevet

Le 5, 6 et 7 décembre 2008 s’est tenu à Québec le congrès de la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec (FPJQ), rassemblant environ 700 personnes de tous bord reliés uniquement par leur travail dans le milieu de la presse (on y comptait des journalistes, des éditorialistes, des directeurs de publications, des rédacteurs en chef de la presse écrite, radiophonique ou télévisuelle).

Congrès de la FPJQ

Organisé par atelier, j’en ai assisté à trois. Et finalement j’ai l’impression d’avoir assisté à un cycle sur la fin de la presse écrite et l’avènement du numérique, c’est un problème certes inquiétant pour nos publications mais l’angle abordé était souvent bien pessimiste et quelque peu alarmant.

Bien sur tout cela ne m’a pas empêché d’apprécier ce congrès, qui était fortement instructif, mais pas de la manière dont je m’y attendais. Le leitmotiv de ce congrès étant Internet, il convient de s’y arrêter. Pour les uns c’est l’aubaine, pour les autres le désastre.

Google: fin des médias écrits?

Commençons par le désastre vu que c’est dans ce domaine que les journalistes se différencient (encore hier un journaliste faisait remarquer que ces auditeurs se plaignaient qu’ils soient seulement porteur de mauvaises nouvelles).

Ils se sont principalement centrés sur le désastre économique avec ce qui concerne les revenus publicitaires qui disparaissent des médias avec en cause le géant google, et en particulier son outil de recherche intitulé google actualité. En effet les annonceurs n’ont plus de raisons valables de publier leurs pubs dans les médias écrits vu l’audience qu’ils peuvent toucher sur Internet. Il y a évidemment du juste dans cette affaire là mais on a oublié d’autres pans importants dans la révolution qu’Internet fait dans la presse écrite.

Publicité et médias

Avant de revenir sur ses aspects quelque peu négligés, voyons les aubaines offertes par l’Internet au média, tout d’abord c’est une plate-forme où l’on est susceptible de toucher un public très large et très diversifié et donc par exemple on peut être en capacité de faire une étude de marchés approfondie pour un lancement de magazines. De plus il y a des opportunités de pouvoir faire de la publicité pour sa publication à prix très réduit car ce qui fonctionne pour les annonceurs fonctionne aussi pour la presse écrite.

Google et les journalistes

Malheureusement à trop vouloir penser en tant que homo œconomicus, on oublie un peu le journaliste lui-même. Il y a certaines choses dont on n’a pas parlé dans ce congrès et qui sont à mes yeux bien plus importantes que de savoir si la presse écrite doit se réinventer (la réponse étant d’ailleurs universellement connue). Je n’ai pas entendu parler des nouveaux ouvriers de la presse, ces journalistes qui publient les articles de Reuters et de l’AFP (agence de presse) sur leur site respectif et qui sont payés des misères (en dehors de Michel Labro, directeur de publication du Nouvel Observateur, qui nous a dit qu’un journaliste n’avait pas à être payé plus).

De plus, à écouter les intervenants, j’ai longuement entendu des débats sur le format (papier, papier numérique, magazine électronique, manchette sur téléphone portable…) mais on a peu entendu sur le contenu, à croire que critiquer les journalistes peuvent, s’autocritiquer cela devient plus dur.

Scoop et éthique journalistique

Je ne suis pas spécialiste mais pourtant, on peut émettre de la critique sur le métier journalistique, sa recherche du scoop au détriment de toute éthique, sa non-vérification des sources, son manque d’esprit critique etc. etc.

En conclusion, je peux donc dire que ce congrès a été formateur pour me faire réaliser que le journalisme traversait réellement une crise qui n’est pas conjoncturelle (liée au contexte de l’Internet), mais plutôt une crise structurelle, ce que les journalistes ont du mal à concevoir, ils se positionnent toujours par rapport à d’autres, et ne se regardent jamais assez, comme s’il se considérait trop parfait.

Pour informations sur la FPJQ.

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