Quel avenir pour la Belgique ?

Publié le 28 juillet 2008 par Infoguerre

Le 10 juin 2007, les élections législatives apportent la victoire aux chrétiens-démocrates en Flandre et aux libéraux francophones en Wallonie et à Bruxelles. La coalition de partis qu'ils mènent disposent de 81 sièges sur 150 à la Chambre des représentants (Chambre basse), ce qui est suffisant pour former une majorité de centre-droite. Cependant les deux groupes s'opposent sur la question de la réforme des institutions fédérales belges, réclamée par la Flandre, qui souhaite davantage d'autonomie, mais rejetée par les formations politiques francophones de Bruxelles et de la Wallonie. Le 15 juillet, le président du Parti chrétien-démocrate flamand Yves Leterme est chargé par le roi Albert II de former le gouvernement. Le 15 juillet 2008, Yves Leterme remet pour la troisième fois sa démission au roi, incapable de former un gouvernement qui puisse durer face aux revendications d’autonomie des Flamands. Cette rapide chronologie des faits montre toute l’impuissance actuelle de la Belgique à conserver son unité, à faire face aux tensions grandissantes entre les deux communautés.

La Belgique est un Etat fédéral dans lequel les décisions votées par un Parlement de région ou de communauté ont le même poids que celles votées par le Parlement fédéral. Ce principe s’explique par la présence de deux communautés dominantes, Flamands et Wallons, qui n’ont aujourd’hui en commun que la famille royale, les emblèmes de l’Etat, la justice et l’armée. Le problème de l’unité belge est encore aggravé par l’existence de la Région-capitale Bruxelles, historiquement située en zone néerlandophone mais peuplée d’une forte majorité de francophones. La séparation du pays en deux provoquerait pour les habitants de Bruxelles une situation particulièrement compliquée. Le développement économique de la Flandre, qui supporte aujourd’hui la Wallonie, a exacerbé ces dernières années la volonté d’autonomie des Flamands. Ils réclament aujourd’hui un renforcement des pouvoirs régionaux notamment dans les domaines de la fiscalité, de l’emploi et de la santé, et donc un glissement vers un Etat confédéral, dans lequel le pouvoir central serait affaibli.

Les dissensions entre les deux communautés ne sont pas récentes, mais elles se sont considérablement amplifiées ces dernières années et ces derniers mois. Les rancœurs se sont accumulées et les exemples d’exclusion sont nombreux. De la reconnaissance de deux langues, Flamands et Wallons sont passés à l’exclusion linguistique mutuelle. Pas une université, pas une chaîne de télévision, pas un parti politique ne sont aujourd’hui communs. Dans certaines villes, il est impossible de trouver un logement social si on ne parle pas la langue. Comme le reconnaît l’échevin Olbrechts, « des mondes qui se côtoient sans jamais se mélanger ».

L’avenir de la Belgique est donc dans l’immédiat à nouveau suspendu à un accord politique entre Flamands et Wallons pour permettre au pays d’être gouverné. Comble de la démocratie, le roi Albert II semble aujourd’hui la seule autorité morale qui soit encore respectée et empêche la scission du pays en deux. Plus largement, quelle place une Belgique coupée en deux pourrait tenir au sein de l’Union européenne, que deviendrait Bruxelles aujourd’hui capitale institutionnelle de l’UE, comment les Européens pourraient se réorganiser, quelles conséquences cela pourrait engendrer ? Autant de questions qui montrent que les graves problèmes que connaît aujourd’hui la Belgique dépassent le simple cadre intérieur.

M.D.