On ne peut pas être bon partout

Publié le 14 décembre 2008 par Jyfargeat
Peu d'entre vous l'ignorent encore, la Thaïlande propose une cuisine savoureuse et raffinée... là où le bât blesse, cependant, c'est lorsqu'on parle de dessert.Alors là, il n'y a plus personne. Oublié l'équilibre des parfums du basilic thaï et de la menthe, le croustillant des beignets et le fondant du Pad Thaï.
Un dessert, ici, ça ressemble à ça:
Oui: Diantre!!!Alors les deux questions qu'on se pose lorsqu'on voit cela sont:
  • Qu'est-ce que cette chose???
  • Comment peuvent-ils commettre un tel désastre.
La réponse à la première question n'apporte que peu de réconfort. Ce dessert, que la plupart des Thaï accueillent avec une petite exclamation de joie (si si) est pour l'essentiel constitué de glace pilée, arrosée d'un sirop rose fluo, appelé "Sala" et qui n'a rien à voir avec la Grenadine, mais se rapproche plutôt de la Josacine de nos tendres années.Là dessus, pour faire bonne mesure, ils ont rajouté des haricots rouges ayant été cuits dans du lait de coco sucré.Le résultat, un dessert ultra sucré, au goût chimique, aux textures évoquant la neige pas fraiche et ... heu... bref. Pas génial.
Ce qui est plus intéressant, c'est d'essayer de savoir pourquoi de si bon cuisiniers peuvent se rater autant pour les desserts... et même pourquoi les bons desserts sont si rares à l'échelle de l'Asie (car ce n'est pas un cas isolé...).J'ai d'abord fait un tour sur internet pour retrouver les origines de "notre" pâtisserie, celle avec les crèmes, les mousses, les biscuits et autres saveurs qui (vous l'aurez compris) me manquent un peu.La patisserie telle que nous al connaissons est assez récente. Les sucreries de l'antiquité et du moyen-âge étaient assez rudimentaires. C'est en fait le développement du commerce et des colonies qui a ouvert un énorme chantier de possibilités culinaires.Alors que l'on trouve dans l'Europe du 17ème un temps clément, permettant la culture du blé et le travail des produits laitiers en crèmes et beurre sans trop de risques sanitaires , le développement du commerce avec les Indes et les Amériques ajoute de nombreux ingrédients formidables à la panoplie: épices, café, chocolat, sucre de canne, vanille... Des ingrédients disséminés à travers le monde et concentrés en un seul point.Autant la situation est propice à la création de la pâtisserie en Europe, autant cela reste, à l'époque, trop compliqué dans des climats tropicaux et exotiques.
Les avancées technologiques permettant de pratiquer cet art n'importe où arriveront trop tard. La cuisine asiatique s'est centrée sur les plats chauds et le salé. Laissant le sucré aux formidables fruits frais que l'on y trouve en abondance.
Ce qui semble appuyer un peu plus ma théorie, est le fait que les cuisines asiatiques proposant les desserts les plus fins sont celles du Japon, de la Corée et du nord de la Chine. Des régions aux climats bien plus tempérés...
Le malheur supplémentaire pour la Thaïlande, c'est que l'arrivée de moyens de réfrigération a été accompagnée des troupes Américaines venues utiliser le pays comme base arrière de lutte contre le communisme. Ainsi, le gâteau d'anniversaire ici aura toutes les chances d'être à l'américaine... Thématique, coloré, mais aussi insipide et affreusement sucré.
Heureusement...
Il y a des milliers de fruits délicieux.
Il y en a encore plein dont je ne vous ai pas encore parlé. Come la Grenade, par exemple. Qui a la délicieuse odeur de notre sirop de grenadine (qui, chez nous, a été recréé par un habile mélange de nos fruits rouges) et la petite acidité de la groseille.Miam!
Mais surtout.
Il existe un dessert que je ne saurais trop conseiller aux voyageurs. Typiquement thaï, et dont l'existence à elle seule excuse toute autre hérésie sucrée... la mangue au riz collant.Bon, le nom est pas génial, c'est seulement la traduction (et de toute façon, ici, le nom d'un plat, c'est sa description).C'est le parfait équilibre entre le fondant de la mangue, la fermeté du riz et le craquant des petites noix, c'est un jeu de contraste en la tiédeur légèrment salée de la sauce au lait de coco et la fraîcheur sucrée du fruit.En fait, un délice dont on ne se lasse pas... et que l'on trouve à presque tous les coins de rues pour un prix dérisoire.