Paillé, stratège anti-Bayrou, à la manoeuvre sur France Info

Publié le 14 décembre 2008 par Pguillery

Sur France info, Dominique Paillé (quoi, vous ne connaissez pas Paillé ? lisez ici), conseiller politique de Sarkozy, a annoncé la stratégie de son patron pour 2012 : il s'agit de favoriser la ré-émergence de Ségolène Royal, contre laquelle il sait qu'il gagnera comme en 2007. En fait il n'a pas été aussi clair que ça : alors que beaucoup se demandent pourquoi, il a simplement expliqué que selon lui Ségolène est la plus crédible pour le PS (lire ou écouter l'intégral ici).

Sur le site de marianne2, les commentaires sont nombreux. Mais c'est marrant comme personne ne se souvient que Paillé est le spécialiste anti-Bayrou de Sarkozy. Souvenez vous d'avril dernier quand Le Monde a publié une note dudit Paillé, à propos de la meilleure manière de dézinguer Bayrou (lire plus bas). Cette sortie sur Ségolène procède de la même vision des choses : en creux, il apparait que Paillé (et sans doute aussi son patron) craignent Bayrou au second tour. D'accord ou pas, il ne faut pas être grand clair pour comprendre les motivations du "conseiller" de Sarkozy.

Une note détaille la stratégie de l’Elysée contre M. Bayrou

LE MONDE | 10.04.08

En dépit des récents déboires électoraux rencontrés par le MoDem, le “cas” de son président, François Bayrou, continue d’occuper Nicolas Sarkozy, qui cherche à isoler l’ancien candidat à l’élection présidentielle. En témoigne une note de synthèse, adressée, lundi 7 avril, au chef de l’Etat, par l’un de ses conseillers, Dominique Paillé.

Dans cette note, dont Le Monde a reçu une copie, M. Paillé fait la liste de tous les éléments qui pourraient contribuer à fragiliser M. Bayrou. Le conseiller du président insiste notamment sur les “mouvements” qui sont récemment apparus au sein du groupe sénatorial centriste. M. Paillé se félicite que “les ministres centristes (Hervé Morin, Valérie Létard, André Santini - Christian Blanc se tient à part)” aient “redoublé d’assiduité auprès des sénateurs centristes pour leur proposer une alliance plus claire au sein du Nouveau Centre (NC)”, parti composé d’ex-UDF qui ont rallié M. Sarkozy. Selon M. Paillé, “un tiers” du groupe sénatorial serait prêt à s’engager dans cette voie.

Le conseiller du chef de l’Etat indique que le président du groupe centriste, Michel Mercier, “a fait savoir à François Bayrou et Marielle de Sarnez qu’il ne les suivrait plus dans des opérations suicides et sectaires et que c’était là sa responsabilité de trésorier à la fois de l’UDF et du MoDem”.

“Jean Arthuis (président de la commission des finances du Sénat, qui a décidé de quitter le Modem) est venu s’aligner pratiquement mot pour mot sur (cette) position”, ajoute-t-il.

M. Paillé qualifie de “proposition pertinente” l’idée émise par le député européen centriste Thierry Cornillet, de “retravailler dans le cadre de l’UDF historique sans François Bayrou”. La note de l’Elysée aborde très directement les ambitions personnelles des uns et des autres : ” Michel Mercier souhaite sincèrement être ministre (…) Jean Arthuis veut conserver la présidence de la commission des finances en septembre prochain. Pierre Méhaignerie veut rester la référence centriste au sein de l’UMP.”

M. Paillé évoque enfin ce qui constitue un enjeu essentiel pour l’avenir politique du MoDem, et donc de son président : le partage des subventions publiques aux différentes formations politiques. “Il est clair qu’à quelques semaines du versement aux partis politiques de la dotation publique de l’Etat, les sénateurs centristes et de nombreux élus locaux ne veulent plus en faire bénéficier François Bayrou et Marielle de Sarnez”, assure M. Paillé.

“En conclusion, indique-t-il, il est possible dans les semaines qui viennent que les UDF centristes historiques récupèrent même matériellement le siège du parti et tous les actifs qui y sont, lesquels appartiennent toujours formellement à l’UDF. Nous nous retrouverions alors avec un parti centriste supplémentaire (l’ancienne UDF) entre le NC et le MoDem.”

Patrick Roger
Article paru dans l’édition du 11.04.08.