Feu

Par Eric Mccomber
Ma chambre, à cette heure-là, c'est le congélo. Je me déshabille en hâte et je me glisse dans mes deux sacs de couchage insérés l'un dans l'autre. Au bout de dix minutes, j'arrête de trembloter. Je lis tranquillement et le sommeil commence à me gagner lorsque j'entends un drôle de bruit. Chrkkrrlk ! Comme si un caillou avec fendu une des tuiles du toit. Deux secondes plus tard, blaaam ! J'entends une forte détonation, dans la direction du Vidourle. Je me dis que c'est trop marrant, parce c'est comme si on avait tiré au fusil sur ma maison. Eh, eh, eh… eh. Je ne ris plus, soudainement, et j'éteins ma lampe de chevet. Je replonge le bras dans la chaleur et… Chrkkrrlk ! Le même caillou ! Je retiens mon souffle. Blaaam. La même détonation à la même distance. Ni une ni deux, je suis sur le plancher froid en train de téléphoner à mon pote. Il ne connaît pas plus que moi le numéro de la police. Je raccroche et je rampe jusqu'à la fenêtre et j'y glisse un œil craintif. Rien. Je retourne me coucher. Un mari jaloux ? Un chasseur bourré au pastis ? Des enfants décérébrés avec la télescopique de papa en train de viser la minette sur le toit ? Je mettrai bien deux heures à m'endormir… en paix avec ce qui arrivera, quoi que me réserve la nuit.© Éric McComber