Cession de mâchoire, késako ?

Publié le 19 décembre 2008 par Pierreristic

Aujourd’hui je vais parler de celle qui est devenue une amie très précieuse à cheval : la cession de mâchoire. Pendant 10 ans, j’en ai tout ignoré. Et il y a 5 ans, ce fut la révélation.
Alors, avec cette méthode, on se fait un peut voir comme un extra-terrestre dans certaines écuries, parce qu’elle impose de ne pas céder à certains canons de la mode (notamment à la muserolle combinée), qu’elle refuse l’escalade des mors, et qu’elle suppose que les deux kilos de tension autorisés par le « Zack Sensor » sont deux kilos de trop.

La cession de mâchoire, c’est l’autorité par la décontraction. Mais comment ça marche ?
En mobilisant la mandibule inférieure (haha je parle bien), on coupe toute possibilité au cheval de se figer dans la bouche, à partir de la là, les tensions dans la nuque se dissipent, et la ligne du dos suit. C’est très grossièrement résumé, mais c’est l’idée de base. Attention, la cession de mâchoire ne donne pas une bonne attitude au cheval par un claquement de doigts, elle ne provoque pas l’impulsion, elle aide simplement le cheval à se mobiliser dans son entier et dans la décontraction, au cavalier de savoir demander le reste.
Céder quand le cheval cède. C’est aussi le leitmotiv de cette pratique, la récompense doit être immédiate : quand le cheval cède dans la bouche, mâche son mors, il faut immédiatement ouvrir les doigts en récompense. Et petit à petit, la légèreté fait son nid.
Mise en pratique ? Jean-Claude Racinet le dit lui-même, il a constaté qu’aucun cheval ne pouvait résister à une demande se porter en avant quand l’acte est précédé par une cession de mâchoire : ainsi pour un cheval qui a peur de quelque chose et refuse de s’en approcher, on avance pas à pas en alternant cession de mâchoire et progression d’un ou deux pas, jusqu’à ce retrouver en face de l’objet qui fait si peur, et que le cheval puisse le renifler.
Et avec un cheval qui tire ? Ce n’est ici pas vraiment de la cession de mâchoire, mais ça fait partie de la même « philosophie ». Leçon à travailler en carrière ou en manège : si on se retrouve satellisé sur un cheval, inutile de tirer. On le met rênes longues, parce que de toutes façons il n’ira pas plus vite, et sur un cercle. Et le cheval qui ne trouve pas d’appui ne tire pas… Alors il fini par réduire son allure, on peut ainsi « l’achever » en lui demandant une extension d’encolure et des cessions de mâchoire le nez par terre. C’est radical. On a alors un cheval au calme, sans lui avoir arraché 3 dents et violenté la commissure.
Alors forcément, ça ne correspond pas à la « vogue » actuelle du « tire-pousse » de nos amis hollandais, et pourtant, la méthode a fait ses preuves.
Mais bien sur, ce n’est pas en fermant la bouche de nos chevaux avec des muserolles croisées et serrées que nous pourrons les laisser … céder ! Les détracteurs de la méthode disent qu’il s’agit pour un cheval de mastiquer nerveusement son mors. Mais bouche galante ne signifie pas bouche bavarde !