Carnets

Publié le 25 novembre 2008 par Celinouchka
Peut-être est-ce le soulagement, peut-être sont-ce les souvenirs.
Peut-être sont-ce les regards de ces personnes, ces histoires racontées, contées, filmées, rêvées.
Peut-être est-ce le souvenir des larmes dans ses yeux, le souvenir d'une amitié qui renait, dans la souffrance, la douleur, le désespoir de l'autre, pour soulager, porter, être là, simplement.
Peut-être est-ce la haine, cette haine ancrée dans chacun des cœurs, omniprésente, malgré tout, malgré nous.
Ou alors c'est l'espoir qu'il met en moi, son rêve fou, irréalisable, irréaliste.
Peut-être est-ce ces mélodies, hors du rythme, ratées, travaillées, encore, encore, toujours, en vain.
Peut-être sont-ce les doutes qui me hantent, immanquablement.
Peut-être est-ce cette impossibilité de voir une pièce de théâtre amateur sans un regarde critique, qui juge, comme si l'on savait tout mieux que les acteurs, car une fois, deux fois, l'on est monté sur les planches.
Ou alors c'est cet opéra, qui m'a marqué, avant même de l'écouter, juste par la musique, juste par les mots de Mérimée, murmurés il y a plus d'un mois, et qui sont là, présents.
Peut-être est-ce ce poème, à peine vu, qui m'a frappé, qui éclaire, qui parle un langage connu seulement par le cœur.
Peut-être sont-ce ses paroles à mon égard, ce cri, ce "fais moi confiance, s'il te plait", ces prémonitions, cette peine à s'adapter.
Peut-être est-ce ce livre, simple témoignage, langage cru, réalité, souffrance.
Ou alors c'est la vue de toutes ces injustices, ce sentiment d'impuissance, d'imperfection.
Peut-être est-ce cet orgueil qui me hante, qui s'accroche, qui me pousse à vouloir me vanter, sans raison.
Peut-être sont-ce ces deux coups sur le nez, involontaires, signe de la maladresse de l'Homme.
Peut-être est-ce la vue de cet être aimé, qui m'est proche, qui part dans une direction que je ne comprends pas, et que je tente, en vain, de retenir.
Ou alors c'est ce manque d'efforts de chacun, ce "les autres n'ont qu'à s'adapter", ce manque d'humilité et de respect.
Peut-être est-ce le pouvoir maléfique de l'argent, qui sévit partout, même chez les plus petits, même dans les plus petits recoins, même dans sa famille, même chez nous.
Peut-être est-ce cette société qui néglige l'Homme au profit du profit.
Peut-être est-ce cette soirée, organisée à la va-vite, avec mes mots qui restaient bloqués dans ma gorge, avec mon malaise, avec ses larmes causées par la musique, avec ses mots d'encouragement, que je peine à croire, à accepter.
Ou alors c'est cet échange de post-it avec ma sœur, une relation que nous avons négligé pendant si longtemps, et qui se ranime, lentement.
Peut-être sont-ce leurs paroles, la lumière qui éclairait mon visage à leurs mots, ces embrassades, ces petits bonheurs, la joie dans ses yeux, son regard intense, et mon coeur au bord des larmes, d'avoir pu, enfin, aider, au moins une fois.
Peut-être est-ce son regard d'amour à mon égard, alors qu'il me connaît à peine, un regarde plein de sagesse, de respect, d'humilité, un regard exemplaire.
Peut-être sont-ce ces doutes en moi vis-à-vis d'elle, vis-à-vis de ce que je vis, de ce qu'elle vis, de ce malaise entre nous.
Ou alors c'est le souvenir de ces critiques, lancées à tout va,  derrière le dos des personnes concernées, qui me font mal.
Peut-être est-ce ses larmes en me revoyant, enfin, et les miennes qui restent bloquées dans ma gorge.
Peut-être est-ce ce petit prodige, 8 ans de moins que moi, virtuose de la clarinette, la jalousie et la fierté qui me rongent.
Peut-être est-ce cette journée à Bâle, cet ensemble de clarinette, ces Sonates de Brahms, ces cours dispensés, cette envie d'apprendre, ces rires, et cette avalanche de partitions.
Ou alors c'est cette nature, cette beauté éphémère qui nous surpasse, cette neige, ce froid, ce vent, ce soleil, ces feuilles, cette lune, ce soleil, ces nuages, cette vue, cette vie.
Peut-être sont-ce ces discussions dans la voiture, sur le chemin du retour.
Peut-être est-ce cette messe, qui m'a rappelé cet été, Varsovie, ce pays magique, secret, attirant.
Peut-être est-ce ce débat sur la tolérance, mon isolement vis-à-vis de la violence de ces étudiants, cet irrespect, ces jugements.
Ou alors c'est ce spectacle sur la Vie de Vivaldi, les quatre saisons, les accents, les langues qui se mélangent, les rires.
Peut-être est-ce cette visite d'université, cette course d'une séance à l'autre, cette salle énorme, cette professeur épatante, épatée, qui aime, qui vit sa matière, ce professeur jeune, cette séance à 4, entre deux étudiantes curieuses, un professeur et une assistante, le mélange des langues, allemand, français, ces rires, tous ces papiers.
Peut-être sont-ce ces leçons du mercredi soir, en comité réduit et fatigué, avec les cordes vocales et les rythmes qui ne suivent plus.
Peut-être est-ce mon incompréhension vis-à-vis de ces persécutions.
Ou alors c'est tout simplement un carnet qui se referme, après presque trois mois de bons et loyaux services, cédant sa place au suivant, prêt à accepter mes pensées, mes doutes, mes cris, mes rêves, mes espoirs, mes larmes, mes chants, mes poèmes, mes textes, ma vie.