Philip K. Dick & le mercerisme

Publié le 24 décembre 2008 par Dickien
Dans « La Petite boîte noire » (« The little black box », août 1964), Philip K. Dick met pour la première fois en scène Wilbur Mercer et le mercerisme. La petite boîte noire du titre permet d’entrer en communion avec Mercer alors qu’il gravit une colline désolée, mieux : l’empathie est parfaite et tous les adeptes ressentent au même moment l’ensemble des souffrances du martyr. Peu importe qu’il soit peut-être un extra-terrestre, une nouvelle religion est née.
Philip Dick reprit le mercerisme dans son roman Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques? (Do Androids Dream of Electric Sheep ? écrit en 1966, publié en 1968) :


— Personne ne peut gagner contre la bistouille, expliqua-t-il. Ou alors, provisoirement. Dans un endroit donné. Comme chez moi, par exemple, j'ai réussi à créer une espèce de stase, d'arrêt des hostilités entre bistouille et non-bistouille. Mais je finirai par mourir, ou je m'en irai, et la bistouille vaincra. C'est un principe universel, à l'œuvre dans l'univers tout entier. L'univers entier, irréversiblement, se dégrade progressivement jusqu'à la bistouille finale. N'y échappera, bien sûr, que l'ascension de Wilbur Mercer.
La fille lui jeta un coup d'oeil.
— Je ne vois pas le rapport.
— Mais enfin, c'est toute l'idée du mercerisme ! (Il était plus perplexe que jamais). Vous n'avez jamais participé à la fusion ? Vous n'avez pas de boite à empathie ?


Dans l’univers du roman, la majeure partie de l’humanité a fui une Terre contaminée dont la quasi-totalité de la population animale a disparu.
La relation des différents personnages avec Wilbur Mercer est au cœur du roman, en ce qu’elle développe et illustre le thème de l’empathie.
Le mercerisme est certainement le grand absent de Blade Runner et son importance majeure dans le roman étonne souvent ceux qui découvrent le livre après avoir vu le film.
Maintenant il vous est possible aussi de vous livrer aux joies du mercerisme ! Ou plutôt de l’électrocution, parce que ce que propose le Bureau of Unified Religion n’est ni plus ni moins qu’une machine à décharges électriques à partager à deux !
Sommes-nous en présence d’un superbe canular ou d’une mystique sadomasochiste ? Je vous laisse seuls juges.
En tout cas, mon opinion est faite.
Nous sommes définitivement dans un monde dickien.