Vera Molnar, "perspectives et variations"

Publié le 25 décembre 2008 par Marcmenant

Présenter des expositions sur Passion Luxe est toujours un plaisir... Plaisir esthétique bien sûr, plaisir spirituel aussi, conviction même! Conviction que l'art est un luxe nécessaire qu'il faut mettre en avant. Lorsque l'artiste est d'origine hongroise, le plaisir devient d'autant plus grand, forme cachée d'hommage à mes origines et à ce pays que j'aime tant... Vera, cet espace est donc le votre!

Artiste d'origine hongroise née en 1924, Vera Molnar s'installe à Paris dans les années cinquante après une formation classique à l'Ecole des Beaux-arts de Budapest. Proche de l'esthétique minimaliste par le recours à la bichromie et aux formes géométriques, éminemment conceptuel du fait de la méthode et du questionnement mise en jeux, son travail échappe cependant aux tendances et classements des historiens. Afin d'évacuer ce qu'elle appelle les “ready-made mentaux culturels”, Vera Molnar utilise différents jeux programmatiques et principes mathématiques pour produire des séries guidées par une même quête du visible. Elle n'hésite pas cependant, à l'instar de l'Oulipo, à jouer et déjouer les contraintes qu'elle s'impose à elle-même.
Au Frac Lorraine, elle propose deux créations in situ, agrandissements de pièces historiques de petit format. Elle produit ainsi des « wall paintings » pour les gigantesques murs des salles d'exposition. Deux principes y sont en jeu : la délégation de production et le changement de dimension. En questionnant ces fondamentaux de la création (la main de l'artiste, l'échelle), elle rappelle que l'idée de l'œuvre prime sur sa réalisation, conditionnée par des critères contingents. Promenade (presque) aléatoire (1998-1999 ; collection Frac Lorraine), installation encore inédite en Lorraine, complète ce choix forcément subjectif au regard de soixante ans de création.
En écho à ce travail, Amélie Dubois (née en 1983) présente l'installation visuelle et sonore Le Monde (2006-2007). Durant un an, elle a retranscrit avec un logiciel informatique les “Une“ du journal Le Monde en partitions musicales. Puis les a confiées à l'interprétation libre d'une pianiste, avec pour contrainte un enregistrement quotidien. Ces pièces musicales sont diffusées aléatoirement dans l'espace d'exposition où les partitions sont visibles. Issues de générations différentes, ces deux artistes s'obligent à suivre un système, un protocole déterminé qui met en évidence le processus de réalisation de l'œuvre ; cette contrainte librement imposée n'empêchant pas, au contraire, la production indéniable d'une poésie sonore et visuelle.
VERA MOLNAR
6 FÉVRIER - 26 AVRIL 09
PERSPECTIVES ET VARIATIONS
Frac Lorraine
1bis rue des Trinitaires, Metz
03 87 74 55 00