Afghanistan : la colère populaire monte contre les bombardements occidentaux

Publié le 25 décembre 2008 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Les bombardements aériens de l'armée américaine et de l'Otan, qui ont tué près de 500 civils cette année, génèrent une colère grandissante au sein de la population afghane, souligne un rapport de la commission des droits de l'Homme (AIHRC) qui critique également les rebelles.

"Les bombardements massifs, fatals à des dizaines de civils, sont une des principales raisons de la colère des Afghans envers les forces pro-gouvernementales" (FPG, les troupes afghanes et celles de la coalition sous commandement américain et de l'Otan), affirme la commission, la principale organisation de défense des droits de l'Homme dans le pays. Son rapport, publié mercredi, a été établi à partir de multiples entretiens dans le pays.


Rappelant des chiffres récemment publiés par l'ONU, le rapport, intitulé "De l'espoir à la peur", note que 1.798 civils afghans ont été tués dans les dix premiers mois de 2008 dans des violences liées aux combats entre FPG et insurgés, soit 41% de plus qu'en 2007.

Si la plupart ont été tués dans des attaques rebelles, près de 700 morts sont imputables aux FPG, note-t-il, en soulignant que "les bombardements aériens des FPG sont responsables de 25% de l'ensemble des victimes civiles en 2008, et de 63% des victimes des FPG".

L'importance du nombre de ces victimes civiles est l'une des principales raisons de la colère croissante de la population envers les forces internationales déployées en Afghanistan depuis 2001, note l'AIHRC.

L'autre grand motif de colère chez les Afghans est la pratique "agressive" des fouilles nocturnes de maisons civiles, note-t-elle.

Ces opérations sont menées en large majorité par l'armée américaine.

"Si les raids nocturnes sur les maisons ont entraîné moins de morts, ils impliquent souvent des comportements abusifs et des intrusions violentes (dans les foyers) en pleine nuit, et cela provoque presque autant de colère envers les FPG que les bombardements aériens", ajoute le commission.

"Beaucoup du ressentiment des communautés envers les forces afghanes et internationales" s'explique également par l'absence de reconnaissance par ces dernières des victimes de leurs opérations et de compensations pour les familles, ajoute l'AIHRC, en soulignant que les forces étrangères ont peut-être dans certains cas violé les lois internationales sur les droits de l'Homme.

Le rapport épingle également sévèrement les rebelles, qui ont "clairement violé" les lois islamiques et humanitaires internationales en ne faisant pas la différence entre les cibles militaires et civiles, et en créant un climat d'intimidation et des situations de chaos dans un but politique.

"Ils ont commis des violations systématiques et de grande ampleur à l'encontre des civils dans le but d'affaiblir le gouvernement", déplore la commission.

Les bombardements aériens meurtriers pour les civils et la brutalité de certaines opérations nocturnes contre les foyers afghans sont les principaux reproches adressés à ses alliés internationaux par le gouvernement afghan.

Près de 70.000 soldats étrangers, pour moitié américains, sont déployés en Afghanistan afin d'y combattre l'insurrection meurtrière des rebelles talibans, qui a gagné du terrain en deux ans.