Chômage ou Déficit ? Les deux !

Publié le 25 décembre 2008 par Juan
En cette semaine de Noël, l'inquiétude grandit à propos des déficits publics. Et les chômeurs savent à quelle sauce ils seront indemnisés l'an prochain.
Précarité
Dimanche 21 décembre, Nicolas Sarkozy faisait publier par ses conseillers de permanence un communiqué dans lequel il félicitait de l'accord concernant le chômage partiel. cet accord porte le taux d'indemnisation de 50 % à 60 % de la rémunération horaire brute, avec une indemnité minimale correspondant au SMIC net. Sarkozy rappelait ainsi que "dans la période actuelle, il est essentiel que chacun fasse ses meilleurs efforts pour trouver des solutions concrètes pour les salariés victimes de la crise." Il a bien raison. Sans attendre un éventuel débat parlementaire, le Président réitérait sa promesse de majorer l'allocation spécifique de chômage partiel et de permettre rapidement "une utilisation plus souple du chômage partiel. Le nombre d'heures autorisées de chômage partiel sera augmenté de 600 à 800 voire 1 000 pour les secteurs les plus en difficultés. La durée consécutive possible pour le chômage partiel sera portée de quatre semaines à six semaines."
Le Monarque est resté plus discret sur les négociations en cours entre les partenaires sociaux sur le renouvellement de la convention UNEDIC. Dans la nuit de mardi à mercredi, les négociateurs des deux bords, salariés et employeurs, se sont mis d'accord sur un texte que les condéférations syndicales ne ratifieront (ou pas) en janvier:
  • Baisse des cotisations (sous condition de bénéfice d'exploitation du régime général).
  • Réduction de la durée maximale d’indemnisation (de 36 à 24 mois, sauf pour les plus de 50 ans). 
  • Elargissement des indemnisations aux chômeurs ayant cotisé 4 mois (contre 6 auparavant)
  • Equivalence entre jour travaillé et jour indemnisé.
Pourquoi Nicolas Sarkozy s'est-il tu ? Mardi 24 décembre, l'UMP a encouragé les syndicats à signer. La droite au pouvoir reste dans sa logique : privilégier l'offre, c'est-à-dire le soutien aux entreprises (baisse des cotisations) aux détriments de la demande (salariés, chômeurs, etc).
Le symbole est fort. A quelques jours d'intervalle, la Présidence salue l'assouplissement du chômage partiel et se tait sur les indemnisations générales.
Rappelons que l'on nous prédit 214 000 destructions d'emplois entre janvier et juin 2009, et une remontée du chômage "officiel" à 8% de la population active.
Finances publiques
Les députés, de gauche comme de droite, s'inquiètent du dérapage des déficits publics. Le prétexte de la relance joue peu puisque le plan annoncé par Nicolas Sarkozy le 25 novembre dernier est finalement très avare en mesures à effet immédiat: à peine 4 milliards d'euros de soutien à la consommation et aux salaires, sur un chiffrage global de 26 milliards ! Ironie du sort, les dépenses publiques (Etat, collectivités locales et Sécurité Sociale) dépasseront en 2009 le précédent record qui date de 1997, la dernière année du gouvernement ... Juppé. Même le Figaro est très inquiet: "Cette nouvelle se cache dans les toutes dernières pages du programme de stabilité pour les années 2009 à 2012, un document que Bercy est sur le point d'envoyer à Bruxelles, comme chaque année, pour détailler ses prévisions de finances publiques." En effet, les dépenses publiques absorberont 52,7 % du PIB français en 2008 puis 53,5% en 2009, contre 52,4 % en 2007. En conséquence, le déficit public frolera les ... 100 milliards d'euros l'an prochain, dont une vingtaine de milliards sur les régimes sociaux et les collectivités, et 79 milliards de déficit budgétaire. Quand les députés demandent si l'Etat a quelques difficultés à emprunter pour financer ces écarts, la ministre Christine Lagarde reste évasive.
Tout va bien Madame la Marquise.
Lire aussi :
  • Chômage, la négociation imbécile (Hervé Nathan sur Marianne2)
  • Le projet d'accord (AFP)
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