Carte postale et mur du çon ;-)

Publié le 09 août 2007 par Jean-Paul Chapon

Je voulais envoyer une carte postale d’Avignon, alors j’ai pris une belle photo de carte postale !

J’aurais préféré parler d’Avignon et sa banlieue, mais avant, il me paraît difficile de ne pas réagir à la dernière de l’inénarrable Denis Baupin, qui emporté par l’excitation de la millionième rotation de Vélib’, s’est fendu d’un «Quand l’ensemble des stations seront déployées, Vélib’ transportera chaque jour autant de monde que le tram». Il n’y a pas encore de mur du çon sur Paris est sa banlieue, mais je crois que s’il y en avait un le sieur Baupin le pulvériserait plus qu’à son tour à coup de Vélib’ et autres circulations douces !

Tout d’abord, à écouter Baupin, l’adjoint au maire de Paris, Bertrand Delanoë, en charge des déplacements intra-muros, puisque 20.000 vélib’ font aussi bien que le tram des maréchaux, ses quelque 300 millions d’euros d’investissements et ses années de travaux et d’embouteillages, on s’en demanderait presque pourquoi ne pas être directement passé à Vélib’, et d’envéliber toute la ville et sa banlieue aussi. Que le STIF, le SDRIF et tous les acronymes qui veillent sur la métropole capitale se le tiennent pour dit, le salut passera par Vélib’ et ne coûtera que quelques panneaux publicitaires de plus.

Allons, soyons sérieux et laissons le vert Baupin à ses fadaises. Car ce qui est grave, c’est l’imbécillité d’une telle comparaison, nouvelle preuve ou d’incompétence ou de malhonnêteté intellectuelle (ou des deux ;-) On pourrait pousser le raisonnement à la Baupin en disant que pendant la même période, plus de personnes se sont déplacées à pied à Paris qu’en Vélib ou en Tram, et en tirer les conclusions que l’on voudra. La notion de distance, de destination, de voyageur/kilomètre, pour tous ces déplacements sont autant de détails dont ne s’embarrasse pas Denis Baupin. Et comparer la fréquentation d’une ligne point à point avec un moyen de déplacement multipoint, fait montre d’autant d’intelligence que d’additionner des carottes avec des choux-fleurs. Mais, non pour Baupin, ce qui compte, c’est l’artifice de la communication, comme si le Tram des Maréchaux était devenu l’unité de compte pour résoudre le problème des transports dans la capitale.

Et une nouvelle fois, les médias embrayent le pas, sans se poser de question, sans la moindre analyse ou le moindre recul, tout justes bons à recopier un communiqué de presse. 1 million d’utilisations, en moins de 3 semaines (18 jours exactement). Bigre ! Le problème des transports à Paris est résolu. Vive Baupin, vive le tram et vive Vélib’. Et c’est donc 1 million, le million, le million ! l’unité de compte magique, poudre aux yeux. Mais au fait, qu’est-ce que c’est un million de voyages à l’échelle de l’agglomération parisienne ? C’est le nombre de personnes que Métrophérique pourrait transporter quotidiennement selon une étude de la RATP. Une étude ce n’est qu’une hypothèse direz-vous, alors que Vélib’, ça c’est du concret. Et bien dans ce cas, 1 million c’est le nombre de voyageurs transportés quotidiennement sur la seule ligne A du RER, plus de 150 jours par an, comme l’explique à Fucking Paris, la RATP, en réponse à la suggestion que toutes les rames de cette ligne de RER soient à deux niveaux. Là, ce n’est plus de l’hypothèse, c’est du réel. Alors de grâce, soyons sérieux. Vélib’ une fois de plus c’est sympa, c’est un plus qui aura l’avantage (peut-être) d’apaiser la conduite des automobilistes obligés de partager la chaussée avec les cyclistes. Mais les transports à Paris, intra et extra muros, c’est une question grave, qui demande des réponses sérieuses et raisonnées, des réponses à la hauteur des enjeux de transports de masse, à la hauteur des 6 millions d’habitants de la zone dense, 11 au total pour l’agglomération dont les déplacements quotidiens pour aller travailler ont une longueur moyenne de près de 20 km aller-retour. Et non pas un amateurisme gadget, à base de pistes cyclables, de Vélib’ et de Tram, une réponse responsable, qui soit autre chose qu’une vision bornée nourrie d’idéologie politique.