New York : Un club de poesie qui s’inspire des maisons closes

Publié le 30 décembre 2008 par Chictype

La prostituée murmure, humecte ses lèvres et commence à déclamer… Au « Zipper Factory » (« usine à fermetures-éclair ») les poétesses se déplacent d’alcôve en alcôve, éclairées par des bougies et des lanternes rouges, dans un décor de peintures de nus. Certaines ont des porte-jarretelles, l’une arbore haut-de-forme et boa. Mais les transactions portent sur l’esprit.
 Le catalogue illustré l’indique. Page 4, « La Professeur », une belle brune, jure avoir entendu « la plainte de votre coeur à la dérive entre les flèches des gratte-ciel ». Page 10, Harriett Van Os promet « de vous révéler les secrets qu’elle ignore savoir ».
 On peut aussi trouver des gigolos. Ainsi, le co-fondateur du club Nicholas Adamski, alias Tennessee Pink, influencé par Arthur Rimbaud et Anna Akhmatova. Il prend cher : 20 dollars la séance contre 3 à 5 dollars pour la plupart des autres. A ajouter aux 15 dollars du ticket d’entrée au club.

«Madame», «Simone»…

 « J’aime la poésie plus que tout au monde », roucoule « Madame», de son vrai nom Stephanie Berger, décolleté plongeant, longs gants de satin noir et plume de paon dans les cheveux.
 Les cabinets de lecture sont au premier étage, le rez-de-chaussée est réservé au bar, à une scène où se produit un duo de guitaristes de flamenco, à une table de black-jack et à une diseuse de bonne aventure.
 « Il n’y a pas tant de cercles de poésie », dit « La Professeur ». Elle s’appelle Jennifer Michael Hecht, 43 ans, et enseigne l’écriture dans une école de Manhattan ainsi qu’à de nombreux clients du « bordel ».
 Vers minuit, la « Factory » est de plus en plus bondée et bruyante. La voyante, parée d’une écharpe rouge et de plumes bleues, susurre à quelqu’un une histoire « d’eaux troubles ». Patricia Smith, poétesse reconnue, s’empare du micro pour un long sonnet rythmé sur l’amour et le sexe ; applaudissements comme à un concert de rock.
 Même ce monde éthéré a eu vent de la crise. Nina Cheng, 22 ans, était sur le point d’entrer chez Bear Stearns lorsque la banque s’est effondrée. « Je pensais me tourner vers l’art à ma retraite, pas si tôt », dit la jeune fille, connue au « bordel » comme la « Fumeuse d’opium ». Rachel Herman-Gross, 27 ans, alias « Simone », s’inquiète : « Beaucoup d’artistes sont soutenus par des mécènes, ça va être plus dur ».
 « Les artistes ont toujours eu de la ressource », tempère Edmund Voyer, 54 ans. Ce client vêtu d’un kilt écossais se définit sur sa carte de visite comme un « évangéliste ».

dna

http://www.thezipperfactory.com/