L’étranger, Albert Camus

Par Aucoindulivre

Voici un livre qui a soulevé bien des interrogations et qui les perpétuent encore actuellement. Appartenant au “cycle de l’absurde” avec le mythe de Sisyphe  et Caligula (pièce de théâtre), L’étranger reflète un homme étranger au monde qui l’entoure et à lui-même qui ne se comporte pas comme la société le veut. L’absurdité de l’existence règne avec des enchainements hasardeux, d’où le détachement face à eux de Meursault.

Pour autant, Meursault reste inflexible et répond honnêtement à toutes les questions qu’on lui pose, que ce soit au tribunal ou à Marie. Voici ce qu’Albert Camus a dit sur son œuvre:

«…J’ai résumé L’Étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu’elle est très paradoxale : ‘Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort.’ Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société ou il vit, il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c’est pourquoi des lecteurs ont été tenté de le considérer comme une épave. Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est  simple : il refuse de mentir.
[...]
…On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L’Étranger l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Meursault pour moi n’est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres. Loin qu’il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace l’anime, la passion de l’absolu et de la vérité. Il m’est arrivé de dire aussi, et toujours paradoxalement, que j’avais essayé de figurer dans mon personnage le seul christ que nous méritions. On comprendra, après mes explications, que je l’aie dit sans aucune intention de blasphème et seulement avec l’affection un peu ironique qu’un artiste a le droit d’éprouver a l’égard des personnages de sa création

L’absence d’émotions de Meursault le condamne à mort.