Poitevins à Bourges 2/3 : des idées pour Poitiers.

Publié le 02 janvier 2009 par Vianney

Suite de : poitevins à Bourges 1/3.
Voilà, j'aime beaucoup Poitiers et il ne s'agit pas de penser que "l'herbe est plus verte dans le champ du voisin", mais simplement de regarder les bonnes idées mises en œuvre à Bourges et qui seraient, de mon point de vue, les bienvenues à Poitiers.

Bourges et Poitiers sont comparables sur de nombreux points.Les deux villes sont anciennes et ont pris leur essor à l'époque médiévale ce qui marque encore aujourd'hui leur urbanisme et leur patrimoine. Les deux cités sont d'ailleurs classées "ville d'art et d'histoire", elles sont de dimension assez équivalente bien que Bourges soit légèrement moins importante que Poitiers elles ont toutes deux joué un rôle politique important dans l'histoire. Capitale de leur province, elles ont ce profil propre aux petites villes parmi les grandes (Poitiers : plus petite capitale régionale..).
Pourquoi y a t'il autant de salariés à la ville de Poitiers ?
Il y a une première comparaison, très factuelle, qui me semble intéressante : les moyens humains (et la charge financière qui en découle) mis en œuvre par les deux villes.

La ville de Poitiers compte 89 200 habitants. La ville emploie 2022 personnes, soit 1 salarié municipal pour 44 habitants. Si on y ajoute le CCAS (561 salariés) et l'agglo (509 salariés) on arrive à un total de 3092 personnes, soit 1 salarié pour 28 habitant. (Source).

La ville de Bourges compte 72 800 habitants. La ville emploie 1521 personnes, soit 1 salarié municipal pour 52 habitants. Si on y ajoute le CCAS (200 salariés) et l'agglo (154 salariés) on arrive à un total de 1712 personnes, soit 1 salarié pour 42 habitant. (Source).
Je trouve cet écart considérable ! Quand l'on sait que les charges de personnel représentent la moitié des dépenses de la ville de Poitiers (hors CCAS et CAP !) (Source), on est en droit de se demander pourquoi à Poitiers 3 employés municipaux sont nécessaires là où à Bourges 2 suffisent. Il y a peut être des explications qui légitiment cette situation, je suis curieux de les connaitre.
Transport public et stationnement :
J'ai beaucoup apprécié de pouvoir disposer de navette électrique gratuite. Ce mode de transport, adapté à des centres villes alambiqués comme ceux des villes anciennes, telle que Poitiers ou Bourges, je l'ai utilisé pour la première fois il y a 4 ou 5 ans à Bayonne. Je l'ai ensuite porté au projet de politique municipal construit avec Philippe Mahou (et Didier Longueville pour le thème des transports), et je reste convaincu que c'est une très bonne solution pour Poitiers, surtout quand je vois la quantité de gros bus, (avec 4 ou 5 personnes dedans), qui ont bien du mal à circuler sereinement dans un centre ville exiguë qui n'est pas adapté à leur encombrement. Le principe ? Vous laissez votre voiture dans les nombreux petits parkings qui se trouvent à proximité immédiate du centre ville, la fréquence de passage (toute les 6 mn à Bayonne) fait que vous n'avez ni à attendre bien longtemps, ni à vous soucier des horaires de passage avant de prendre place dans un mini bus (une dizaine de place assises, autant debout) qui sillonne le cœur historique de la ville, c'est gratuit, silencieux, convivial...que du bonheur.

Des dizaines de villes ont adopté cette solution, à Poitiers ont préfère parler de tramway et/ou de busway mais surtout ne rien faire. Ci dessus une photo de ce type de navette testé à...Poitiers (place Notre Dame).

Bourges : un patrimoine préservé et valorisé. Comme dit dans ce précédent billet, le touriste à Bourges va pouvoir découvrir, notamment, la beauté de la cathédrale Saint Etienne (classée par l'UNESCO), le palais Jacques Cœur (entièrement restauré), et parcourir les rues du Bourges ancien, riche de 440 maisons en pans de bois, il va pouvoir également visiter des musées (gratuits).
Tout cela est réuni dans un périmètre relativement petit, qui permet en tout cas de se déplacer à pieds sans soucis. Ce qui m'a frappé c'est que tout le patrimoine de la ville semble préservé, entretenu et valorisé, le patrimoine privé (les façades en tous cas), le patrimoine touristique et le patrimoine public (à l'image de la poste de Bourges, voir photo ci contre). La ville a été récompensée par quatre fleurs et la distinction Grand prix au palmarès 2007 du concours des villes et villages fleuris.

A Poitiers, il faut saluer le volontarisme de la nouvelle municipalité au niveau de la lutte contre les tags, et l'on peut souhaiter que le projet cœur d'agglo change la donne. Mais en attendant, au fil des précédents mandats, le patrimoine touristique n'a été préservé, valorisé et entretenu que de manière parcellaire, et cela se voit ! Pourtant, du point de vue de la richesse de son patrimoine, Poitiers, n'a pas à rougir de la comparaison. Même si la cathédrale de Poitiers est sans doute moins remarquable que celle de Bourges, la capitale pictave compte sept églises gothiques ou romanes, excusez du peu, avec par exemple Notre Dame la Grande "joyau de l'art roman", Saint Hilaire le Grand (elle aussi classée par l'UNESCO), le baptistère Saint Jean (4ème siècle, le plus ancien monument chrétien de France encore existant), etc..
Et le rayonnement culturel ?
Aujourd'hui Poitiers a son TAP, certes, il peut et il doit en être fier. Ceci étant, demandez donc à des personnes des quatre coins de la France de vous citer un évènement culturel poitevin... ... ha si il y a le confidentiel Festival Henri Langlois, que même les poitevins, pour beaucoup, ne connaissent pas.
A Bourges il y a ... le Printemps de Bourges bien sur ! Depuis 1977, voila 31 ans que chaque année, en avril, des milliers (70 000 en 2008) de spectateurs viennent dans les salles et sous les chapiteaux berruyers. 80 spectacles, 200 artistes dans une douzaine de lieux sur une semaine proposent les genres musicaux les plus divers.
Un évènement culturel d'envergure à Poitiers ? C'est pour quand ? Pas tout de suite en tout cas si l'on compte sur l'équipe municipale en place, qui n'avait pas ce type d'ambition dans son programme.
Alors certes, il fait bon vivre à Poitiers, les marges de manœuvres financières sont inexistantes limitées (voir ce commentaire intéressant sur le sujet), et on ne pourra pas refaire l'histoire, mais faisons un vœux pour 2009 et les années à venir : que nos élus et tous les acteurs de Poitiers, s'attachent à faire rayonner notre belle cité !