Kiefer SUTHERLAND face aux MIROIRS

Par Tom

Ayant quitté la police des suites d'une bavure, Ben Carson (Kiefer Sutherland) est un homme déchiré. Carburant aux anti-dépresseurs, Ben vit chez sa sœur Angela (Amy Smart) faute d'avoir pu recoller les morceaux avec son épouse Amy (Paula Patton). Cet ancien inspecteur a peut-être trouvé un moyen de se refaire : un poste de vigile lui est en effet proposé. Vadrouillant maintenant de nuit dans une ancienne galerie commerçante livrée, il y a quelques années déjà, aux flammes, Carson va vite remarquer que les nombreux miroirs qui peuplent les lieux cachent un terrible secret. La vie de Ben, ainsi que celle de sa famille, vont basculer dans l'horreur...

Depuis qu'il enchaîne les saisons avec la série évènementiel "24 Heures Chrono", Kiefer Sutherland a atteint une popularité qu'il n'aurait sans doute jamais pu réellement décrocher par le passé. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir joué dans de belles affiches !

Jouant souvent sur grand écran des personnages diaboliques ("Au-delà des lois", "Le Droit de tuer ?") ou inquiétants ("Dark City"), le fils Sutherland a aussi pu travailler sur des rôles plus gentils comme dans "L'Expérience interdite" (1991), "La Disparue" (1993) ou "Les Trois mousquetaires" (1994). Bref, Sutherland n'a jamais démérité son étiquette d'"acteur studio" à la fois trouble et incontournable.

Parfait partenaire/adversaire de Michael Douglas dans le récent "The Sentinel" (2006), notre homme grignote aujourd'hui la plus grosse part du lion en affrontant, à lui seul, de terrifiants esprits frappeurs dans le thriller horrifique "Mirrors". Sur papier, ce film a de quoi appâter les spectateurs recherchant les sensations fortes ! En effet, "Mirrors" est signé Alexandre Aja. Ce jeune réalisateur parisien n'a pas dû enchaîner de nombreux tournages pour taper dans l'œil des producteurs américains. Suite à son thriller à couteaux tirés "Haute tension" de 2003, Aja s'est vu ouvrir les portes dorées du royaume hollywoodien, section films d'horreur (bien évidemment)...

Et ses premiers pas chez l' Oncle Sam ont été, comment dire, assez remarqués. Revisitant la célèbre saga "La Colline a des yeux" ("The Hills Have Eyes") de Wes Craven, Alexandre Aja n'y a pas été de main morte en donnant largement dans le Gore excessif et insupportable. Cette relecture virile et vive d'un classique appartenant aux belles séries Z de la fin des années '70 permet, sans doute, aujourd'hui à notre réalisateur, originaire de l'Hexagone, de faire toujours un peu plus son nid sur le sol américain.

La recette n'est pas neuve de l'autre côté de l'Atlantique ! Il est bienvenu aujourd'hui d'offrir les commandes d'un remake à de prometteurs metteurs en scène européens. Pour une question de budget, certainement ! Les réalisateurs du Cru (comprenez du Vieux Continent) ont en effet le chic pour combiner travail efficace et budget serré. Cocktail plus qu'intéressant qui se marie parfaitement à la politique ancestrale des bons petits films d'horreur visant à réaliser, au minimum, un honnête score au Box-office en prenant, en même temps, le moins de risques financiers possibles.

Attendu prochainement sur le remake (encore un !) du "Piranhas" (1978) de Joe Dante, Alexandre Aja nous livre donc ici, à l'occasion de "Mirrors", son interprétation d'une histoire originale signée Kim Seong-Ho (réalisateur et scénariste sur "Into the Mirror"). Ce "Mirrors", nouvelle formule, s'appuie, tout d'abord, sur le charisme non négligeable de Kiefer Sutherland. Campant un flic blessé et torturé, ce dernier n'éprouve aucune difficulté pour passer du statut d'homme à la dérive à celui d'ancien représentant de l'ordre surpassant toute règle pour sauver des vies.

La mise en scène d'Aja, elle, reste teintée de quelques imperfections. Parfois trop classique et prévisible, l'orchestration de ce cinéaste peut heureusement s'appuyer sur quelques très bons passages des plus angoissants (un ravissement pour les amateurs de frisson !) et, principalement encore, sur les somptueux décors, grandioses et inquiétants, signés Joseph Nemec III. Ce dernier n'est certes pas à son premier coup d'essai. Il a ainsi déjà signé la conception de décors sur divers petits films comme "Abyss" et "Terminator 2". Excusez du peu ! Joseph Nemec et Alexandre Aja ont, pour la petite histoire, déjà travaillé de concert sur "La Colline a des yeux".

Si l'épouvante gorifiquement insupportable n'est ici nullement à son apogée ( c'est le moins que l'on puisse dire), "Mirrors" conserve toutefois quelques petits séquences bijoux, en particulier celle de la salle de bain. Référence qui fera certainement frémir les téméraires qui ont déjà vu le film ! Basé avant tout, sans grande surprise, sur le principe des maisons hantées qui entretiennent un farouche esprit de vengeance, ce long-métrage, dans sa deuxième partie, prend un certain bol d'air en nous entraînant dans la méandre d'un véritable polar. Oui d'accord, par rapport à "Dark Water", à "The Eye" ou à la franchise "The Ring", vous me direz que la recette n'est pas neuve mais elle a le mérite, ici, de nous transporter (encore un peu) dans un bon suspense qui nous décoche un bel uppercut lors d'un final aussi pessimiste qu'intéressant.

On regrettera peut-être que toute la mythologie et la mystique flottant autour du miroir et des reflets ne sont que finalement effleurées. Reste un jeu assez corsé et sadique tournant autour du Mal psychanalytique qui vit à l'intérieur des miroirs & qui a la faculté de toucher n'importe qui à n'importe quel moment. Moins bluffant que la relecture de "La Colline a des yeux", "Mirrors" reste un bon film à suspense oscillant sans la moindre pudeur, par moment, dans l'horreur. Derrière "The Ring", le film d'Alexandre Aja gagne une bonne place dans le rayon des remakes de films asiatiques mis au goût du jour occidental. Vous vous êtes amusés avec "La Nuit au musée" !? Vous allez trembler avec "Miroirs" !

La bande-annonce...