L’alliance franco-anglaise contre la Hollande : la grave erreur de Louis XIV

Publié le 04 janvier 2009 par Infoguerre

Les royaumes de France et d’Angleterre furent alliés dans le passé. Une alliance dont l’objectif avait pour finalité de renverser la puissante Hollande. Il s’avère que cette alliance va déstabiliser la France et faire de l’Angleterre le berceau industriel et financier de l’Europe.En cette seconde moitié du 17ème siècle, Louis XIV règne en monarque absolu sur la France. Roi guerrier, il a fait de son pays la première puissance militaire en Europe. Pour renforcer l’économie française, il s’entoure d’hommes compétents et plus particulièrement Colbert dont il fera son Surintendant des Finances

Pour augmenter les exportations et réduire les importations, Colbert applique des mesures protectionnistes. Cette économie absolutiste est mise à mal, le pays souffrant d’une crise de subsistances. Louis XIV s’inquiète et jalouse l’expansion économique et financière de la Hollande, dont l’indépendance est reconnue par l’Espagne depuis 1648. L’empire hollandais est riche d’un commerce florissant avec la création de la Compagnie hollandaise des Indes orientales en 1602. Le pays a connu une victoire navale sur l’Angleterre et a servi de médiateur entre Espagnols et Français. Amsterdam se vante d’être devenue la « ville –monde » en ce 17ème siècle. Le fonctionnement de son économie démontre qu’elle possède la première économie moderne avec des marchés de libre-circulation des marchandises et des facteurs de production, une forte productivité agricole, un respect de l’Etat à l’égard du droit de propriété, une attention portée aux moins favorisés et enfin les salaires les plus élevés au monde.

Louis XIV ne supporte pas de voir un ennemi devenir le carrefour de l’information et de l’économie, un cerveau financier. Des tensions se font aussi sentir sur le plan religieux, Louis XIV est un fervent catholique qui mène une politique contre les protestants. Son avidité de pouvoir et sa volonté de régner sur l’Europe le poussent à déclarer la guerre à la Hollande. Pour optimiser ses chances de succès, il s’allie à l’Angleterre, rivale commerciale et navale de la Hollande dans la Mer du Nord et qui a tout intérêt à voir la Hollande s’affaiblir.

Les deux alliés, historiquement, ne s’entendent pas, mais l’Angleterre est affaiblie par les révolutions de Cromwell et par l’incapacité de son roi, Charles II, à instaurer l’absolutisme. Elle a donc besoin de cette alliance. Leur rapprochement se fera par le mariage de la sœur de Charles II, Henriette d’Angleterre avec Monsieur, frère du roi. Le traité de Douvres, signé en 1670, scellera leur alliance contre la Hollande. Ce traité stipule que les deux royaumes alliés se partageront la Hollande. En outre, Louis XIV versera 2 millions de livres tournois à l’Angleterre. Le souverain français déteste cette Hollande calviniste, républicaine et marchande. Il désire par cette guerre renforcer la puissance française et agrandir le royaume. De son côté, Colbert espère par cette guerre accroître le montant des barrières douanières et préserver les produits français de la concurrence.

La guerre sur le terrain n’est pas immédiate, Louis XIV s’essaye à la diplomatie pendant trois ans et tente d’isoler la Hollande de la Triple Alliance de La Haye. La guerre sera finalement déclarée en 1672 par l’Angleterre. Il s’avère très rapidement que les Hollandais ont de sérieuses faiblesses militaires, des coupes sombres ayant été faites dans le budget de l’armée, la Hollande ayant été plus soucieuse de son développement culturel et économique que de sa défense. Ils réussiront cependant à sauver Amsterdam des assauts français, mais devront s’allier à l’Espagne pour les repousser. La supériorité de la France s’affirmera lors de batailles navales en Méditerranée. Ce conflit prendra fin en 1678 avec la signature de la paix de Nimègue. Louis XIV n’aura pas conquis la Hollande, mais imposera la suppression des tarifs douaniers sur les produits français. Grande perdante, l’Espagne, devra céder à la France la Franche-Comté et l’Artois.

Souverain puissant mais aveugle, Louis XIV n’imagine pas que son allié anglais, furtivement et à son insu, est en train de s’allier avec la Hollande. En effet, l’influence de la monarchie française éveille la méfiance du parlement anglais, la perspective d’une Angleterre devenant papiste lui est insupportable. Profitant de ce terrain favorable, de la faiblesse du roi Jacques II d’Angleterre, son beau père et de la faveur protestante, Guillaume d’Orange, Stathoudérat des Provinces Unies, s’empare du trône d’Angleterre. Son objectif premier est désormais de faire de Londres la capitale de l’Europe. Il crée la banque d’Angleterre sur le modèle hollandais et attire à Londres les capitaux hollandais. Peu à peu le centre de l’économie mondiale d’Amsterdam bascule sur Londres. Ce sera pour l’Angleterre les débuts de sa formidable Révolution Industrielle. L’Angleterre redevient le meilleur ennemi de la France.

Louis XIV, pendant son règne, n’aura pas perdu de batailles et est devenu le monarque le plus puissant d’Europe. Mais sa vision de l’évolution du monde, hélas erronée, lui a fait perdre une guerre économique lourde de conséquences pour la France. Il laisse à sa mort un royaume affaibli par les nombreuses guerres qu’il a menées. En brisant « les prohibitions à coups de canon », il a favorisé la Glorieuse Révolution anglaise et aura fait prendre à la France un siècle de retard sur son développement économique.

FN