Jack The Ripper - Ladies first (2005)

Publié le 07 janvier 2009 par Oreilles
Oui je sais, il ne s’agit pas vraiment d’une nouveauté, mais sans savoir comment ni pourquoi, j’ai eu récemment l’envie de me replonger dans la discographie de ce groupe versaillais dont on n’entend plus parler. Et pour ce faire, leur troisième et dernier album, le Ladies first en question, est ce qui se prête le mieux au jeu de la présentation. Collectif de six à huit musiciens selon les cas, qui comptait dans ses rangs la fratrie Mazurel (Arnaud, Hervé, Thierry) ainsi que des amis, Jack The Ripper (en hommage à la chanson du même nom de Nick Cave) fait partie de ses groupes officiant le plus souvent dans l’ombre mais réunissant tout de même une famille de fans rendus accros par des prestations live d’anthologie, paraît-il. Aujourd’hui sans Arnaud, le groupe s’est transformé et officie sous le patronyme toujours aussi cinématographique de The Fitziarraldo Sessions.
Et ce disque dans tout ça ? Toujours mis en avant par une pochette signée Juarez Machado, il succède donc à I’m coming et The book of lies. On y retrouve les obsessions affichées pour les géants que sont The Caveman (déjà cité plus haut), Leonard Cohen et ô surprise le 16 Horsepower dont je vous avais parlé récemment au travers de Wovenhand. La voix d’Arnaud Mazurel se veut toujours aussi démoniaque et sortie d’une quelconque brume londonienne. C’est ce côté théâtral et macabre qui domine, et jamais le nom d’un groupe n’avait autant collé avec son contenu musical. On y est dans ce cabaret où "I was born a cancer" fait un éloge amer de la cigarette sous son apparente festivité déguisée. Le propos n’en est pas moins sordide, et le moyen pour en parler carrément diabolique. Le ton est donné.
Pas loin du concept album (on y croise une mère, une amante, une jeune fille, la lune, une étoile, une cigarette), Ladies first est certainement l’apothéose du groupe. Grâce à de subtils arrangements et une orchestration principale basée sur le duo violon / trompette (plutôt rare pour le format pop songs), les douze titres s’enchaînent avec élégance sur une route suave et mélancolique faîte de post-rock (au sens Radioheadien du terme), de jazz et de sonorités tziganes. J’entends même un peu de Muse (aïe) dans l’introductif "From y veins to the sea", pourtant exemplaire avec son violon et son piano. Cris de bêtes, contrebasse et mélodica sont les autres instruments que vous pourrez croiser sur ce disque. Hormis les titres déjà déballés plus haut, ne passez pas à côté de la tristesse de "Goin’ down" et "Old stars", de "White man in black", reprise en français d’un poème hongrois, de la mélancolie de "The Apemen, the bride & the butterfly" et surtout du côté très Mud Flow de "Aleister". Et là logiquement, vous devriez déboucher sur le dytique final : "Words" et "Hush". Et normalement vous appuyez sur Replay.
En bref : Glacial jusqu’à l’étouffement, Ladies first impose pourtant son charme vénéneux de western européen à ceux qui s’y plongent, et qui forcément n’en ressortent pas indemnes.


Le site officiel (plus à jour depuis Avril 2008)


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Une compilation d’images de concert sur fond de "I was born a cancer" :