L’Ecole des Femmes à la Coursive (1/2)

Publié le 11 janvier 2009 par Sheumas

Vendredi soir, à la Coursive, l'une de mes pièces favorites : " l'Ecole des femmes ", que Molière a écrit au sommet de sa gloire, au moment où il vivait une union avec une femme beaucoup plus jeune que lui.

C'est précisément l'un des thèmes forts de la pièce... Le décalage entre deux êtres qui ne se réfèrent pas aux mêmes valeurs pour construire leur existence (en l'occurrence, toute une vie pour la jeune Agnès qui sort du couvent et qui ouvre des yeux éblouis sur la société alentour de son balcon et " un reste de vie " pour Arnolphe, vieux barbon arrogant, gonflé par une sorte de " retour de printemps "...

Au début de la pièce, il campe allègrement sur ses positions : les femmes sont belles, savantes, souples, enragées et les maris sont pour la plupart cocus. A moins de prendre une jeune fleur à la racine et de lui couper tous les surgeons du vice. De lui enseigner la religion, les principes du bon comportement, les préceptes du mariage... " Les femmes ne sont nées que pour la dépendance, du côté de la barbe est la toute puissance... " Véritable bréviaire du phallocrate qui lui sert de cheval de bataille...

Le programme est rigide, militaire, Arnolphe monte férocement la garde et a détaché à ses côtés deux sergents ridicules, aussi bêtes et méchants que ses principes. C'est penser sans les astuces de l'amour et la capacité d'Agnès à découvrir toutes les subtilités du jeu amoureux. Car, sitôt qu'elle met le nez dehors, la fleur domestique sent des poussées de sève. Le premier " blondin " qui passe est embaumé par la force de son parfum...

La bataille entre les fulgurances de l'Amour et les garde-fous du barbon est dés lors engagée. Et la scène est le lieu torride de cet affrontement où jalousie, tourments, rage, pensées criminelles mettent, peut-être pour la première fois de sa vie, Arnolphe aux prises avec la passion... Demain, je reviens sur la mise en scène.

Near Old Wick Castle