Ca gîte dans la noix

Par Loïs De Murphy

Moi aussi je voulais importer un conflit dans ma commune, d’autant qu’avec la crise, les ruées sur les soldes étaient moins belliqueuses qu’auparavant. J’avais connaissance d’une haine tenace entre deux villages du département voisin et à force de me rebattre les oreilles avec leurs histoires, je finis par sortir de mes gonds. J’appris que celui plus au sud nous avait offert des balles de foin pour sauver nos bêtes une année où nos récoltes avaient été compromises. Pour commémorer ce geste, notre ancien maire avait fait sculpter sur la place du marché une gasconne – vache à viande réputée dans la région –, avec le nom de notre sauveur gravé à hauteur de la macreuse.

A la faveur de quelques passages nuageux sur la lune je dégradais l’hommage et mis le feu à une 4L mal garée pour ne pas décevoir les médias.

On accusa aussitôt l’anglais arrivé l’été dernier avec sa femme et ses blondins et on lui cassa copieusement la gueule. Mais il n’y eut pas de suite, à ma grande déception.

J’appris alors que les épagneuls et les labradors se détestaient pour des histoires de compétition à la chasse. Je subtilisai un chiot dans une portée de chacune des races, l’un chez un chasseur de gibier, l’autre chez un amateur de palombes.

Le lendemain, deux meutes gueulardes se bouffaient la truffe en même temps que les maîtres s’envoyaient force claques et bourre-pifs.

J’hésitai alors entre contacter le journal du service public ou d’une chaîne privée, le traitement de l’information différait tellement de l’une à l’autre...