La burqua ne fait pas le moine

Par Blandine70

Burquette, de Francis Desharnais
Les 400 coups, collection Mécanique Générale, 2008

Un intellectuel québécois en quête d’idées nouvelles à explorer s’inquiète pour sa fille Alberte, « un chef-d’œuvre de superficialité », alors qu’il aimerait tant en faire une « grande intellectuelle », à son image. Afin de provoquer une contre-réaction selon lui nécessaire, il décide de lui imposer le port d’une… burqua. La jeune adolescente se plie difficilement à son nouveau « costume » et on la retrouve, d’une saynète à l’autre, dans diverses situations quotidiennes où l’habit est censé lui compliquer l’existence. Malgré ses réticences et ses tentatives de rébellion (certes de plus en plus marquées au fil du temps), le père ne cède pas, persuadé que cette expérience à la fois individuelle et sociale ne peut être que bénéfique. Et quand Alberte lui dit : « Sous ce drap et derrière ce grillage, je me sens inexistante, sans identité. Je crois que j’arrive à comprendre ce que vivent les femmes dont tu parles », le père rétorque avec un cynisme dont il n’a pas nécessairement conscience : « C’est très bien, ma chérie. Ça prouve que la leçon porte fruit. Dans un an, tu vas être un chef-d’œuvre de profondeur humaine. »…

Dans cette bande-dessinée conçue comme une succession de strips et de gags souvent amusants, les deux protagonistes principaux sont observés et décrits par petites touches, avec beaucoup de justesse, des tiraillements de la fille (qui a peur de décevoir un père dont les exigences sont pourtant fort…